26/04 – Delhi se délie, en dépit de l'habituelle fatigue, je savoure...
Arrivé à 4h dans un hôtel miteux (rythmant avec peu coûteux – 420 rps), proche de celui désiré, j'espère enfin dormir. C'est sans compter sur les deux jeunes qui y travaillent, certainement testeurs de sonneries de leur établissement (quel beau métier...) : quand l'un ne driiingue pas à la porte, l'autre téléphone. Concert obligatoire organisé toutes les demi-heures. Grrrrr.
Phase liminaire, s'organiser.
Commençons par chevaucher vers internet et allons nous enquérir des édits virtuels de potentiels et preux CS. Sans doute éradiqués par de perfides empereurs mongols, lépreux CS n'ont plus assez de doigts pour rédiger sur leur Christian Clavier anglo-iphone : l'unique réponse se décline par la négative, aucun pli multimédiesque de la gueuse d'"Envoyé Spécial" et l'appel au pigeon téléphonique n'aura guère, guère (vente vent), eu plus d'efficacité.
Pas plus mal, encore beaucoup de sites voisins à conquérir visuellement dans cette tumultueuse cité et de palpitantes aventures fraîches à relater à mes fidèles sujets, le temps à consacrer à la diplomatie de la cour CS manquerait, malgré l'intérêt porté à cette avenante institution, dès potron-minet...
Palsambleu, l'heure galope ! "Checker out" de l'hideuse auberge prime, afin d'intégrer au plus tôt la place forte voisine et amie.
Suite à l'installation dans ces nouveaux appartements, le sarrasin de la tourelle en terrasse me rassasie d'un nouveau "Mouton Curry", durant l'étude de la stratégie d'attaque de la campagne.
Quatre places attractives attirent l'attention à proximité, alors que deux autres nécessitent un transport probablement plus dispendieux. Ce jour sera consacré aux sites mitoyens ; demain, nous soumettrons les autres...
L'appel de la découverte retentit, au milieu des (pas vieilles) charrettes pétrolifères, le palefrenier à l'olifant distingué est choisi.
"Tuuuut, tuuuut !!", le moyen-âge à l'écrit reste virtuel (et pesant !) : retour à la réalité de Delhi, sur le tonitruant trajet pollué et rappel des comptes.
Certes, 350 ce n'est pas beaucoup, mais, individuellement et au plus, chaque parcours me coûterait entre 50 et 100 rps.
A l'arrivée au Laxmi Narayan Birla Mandit, je congédie, avec 50 rps, le driver attristé, enfin prêt à revoir ses tarifs !
La visite en elle-même n'apporte rien de plus que d'habitude : un flic désagréable me soustrait ma camera (court mot anglais pour qualifier l'appareil photo, vous l'avez compris depuis un moment, je ne réalise pas un film) en me traitant comme une merde, les touristes indiens me dévisagent avec dédain (et des bitch) et un abruti souriant vient à ma rencontre afin de m'escroquer une donation.
Accroche-toi à ton string en cachemire, mon coco...
Ben, en fait, Delhi, c'est grand... ½ plus tard, ce temple se dévoile enfin, perdu dans une ruelle odorante, égayée par les commerces de fleurs-offrandes, et... surpeuplé par une bonne centaine de visiteurs en pleine démarche spirituelle, ce dimanche.
Nouvelle destination, nouveau rickshaw, nouvelles négociations, mossieur le dramaturge-driver pleurerait presque à 70 rps..."Less than indian price !!"...
M'en fous, mec. De manière assez inattendue, ce trajet m'entraine au cœur du vieux Delhi. Totalement amazing...
Tiens ? Fesse... bouc... ? A nouveau, Dame Nature se joue de moi, la coquine.
Devant la monumentale structure religieuse, un flic sourit en voyant la camera. Prudemment (ça m'arrive parfois), j'hésite sérieusement à l'exposer depuis 10 mn, en fait. Tant pis, certains clichés sont importants.
Quoique déchaussé, je me vois interdire l'accès à l'entrée de la mosquée de Jama Masjid : le soleil va se coucher dans une demi-heure, la prière retentit dans les enceintes. A 5 mn près, c'était possible.
Pô grave, en face, les étroites rues du vieux Delhi et leur cohue m'invitent dans leurs tripes.
Sensation grisante des derniers moments forts. Interdit d'agoraphobie, je vibre dans ce marasme, au milieu du quotidien de ces autres aux tenues virevoltantes (sales, colorées ou religieusement immaculées), qui n'est et ne pourrait être le mien.
Bien évidemment, j'ai le feeling de pas être à ma place et avance les mains scotchées sur la banane et le sac en camel. Peut-être dangereuse, cette promenade des sens ne saurait s'éterniser...
Incroyable beauté et couleurs des tenues féminines indiennes ! Depuis le début du séjour, leur éclat et leur propreté me fascinent, tant elles contrastent avec la crasse et la misère alentour. Telles des spots, ces couleurs vives (le terme est approprié, elles vivent !) forment des gouttes de lumière au creux d'un océan terne, elles forcent le respect, des marchés de Jaipur, Jodhpur ou Delhi, au désert de Jaisalmer.
Une heure à se laisser porter par le courant humain, tantôt bousculé par un touk-touk, une moto ou des rickshaws à vélo. Je n'ai aucune idée d'où je suis... Il serait sans doute temps de s'inquiéter de la destination suivante : Lao Qila, "proche" sur la carte.
Après avoir demandé quelques conseils à des sources différentes (régulièrement, afin d'éviter les entourloupes) et négocié des chaussettes "Nike (???), je déambule sur un grand axe et accède enfin au Red Fort, une énorme enceinte à l'architecture somptueuse, construite en 1638 par l'Empereur Shah Jahan. Oui, les attentifs l'auront noté, le même fou romantique à l'origine du Taj Mahal. Il ne pensait pas les choses à moitié, ce gars là.
A peine assis, le problème s'annonce de taille. Ayant fait le choix calculé (rapport entre risque réel et incidence des médicaments sur le mental) de ne pas suivre de traitement anti-palud, je n'ai été piqué en Inde qu'à 4 reprises. Problème : une armée de mosquitos affamés se jettent sur la Junglelovetiticuve de sang frais, dépourvue de produit anti-eux.
Une bouteille d'eau salvatrice et fraîche en poche, je rejoins MA chambre, pour une deuxième nuit au même endroit, et décide unanimement avec moi-même d'y rester jusqu'à la fin.
Si le Couchsurfing s'est montré plus que salutaire lors du TDM, tant au niveau des rencontres productives que du budget amoindri, se poser le dernier soir et préparer, en toute quiétude, départ, bagages et retour, n'apparaît pas immoral... ZZZZZ zzzz.
27/04 – J moins 1 - aujourd'hui, l'arnaqueur, c'est moi..
Après internet sans autre réponse CS (annihilant toute question), j'essaye d'acheter des bananes au petit commerçant de rue chez qui je viens tous les jours (certes depuis peu).
A 3 mètres de son stand, il mange et refuse de bouger... Un rickshaw stoppe. "Hello sir... bla bla bli bla bla bla". Ok, guy, pourquoi donc pas ? Mais tu vas prendre...
Je divise par 2, il bondit parkinsonnement du sourcil et baratine : 25 km de parcours ! 400 ?
Je refuse et concède 350. Il se scandalise. Je me barre. Il me rattrape... Ok pour 350 rps. 200 m plus tard, réalisant se faire arnaquer, il insiste pour 380... Ha, ha, ok, mon gars, aujourd'hui, le patron, c'est bibi...
D'entrée, il annonce un inattendu "monday, all is closed". Pour le papier Lotus Temple, rien de dramatique, je souhaite juste prendre un cliché du clone de l'opera-house australien de mon cœur ; en revanche, ne pas visiter Akshar Dham, site gigantesque qui condense 10000 ans d'héritage architectural et de culture indienne, m'ennuie un peu plus.
Malgré une tong morte (depuis le Pérou !!!... Je suis très conservateur), je traverse la route et obtient une vague idée du monument et ses jardins.
Nul problème de flatulence, rassurez-vous, mes projets éloignés ont épuisé le réservoir du véhicule de pépère. Contrairement aux rickshaws de Jaipur, décorés de fleurs mais polluants, ceux de Delhi fonctionnent au gaz et sont donc non polluants et sans fleurs. Cela dit, je n'ai toujours pas pris de petit déj et il est 4 pm... Pendant qu'il fait le plein de cassoulet, tongs en main, traversée périlleuse de l'artère bruyante et encombrée. Un petit jus de mangue pas bon vient garnir le fond de mon estomac plaintif... Un soulagement visiblement nécessaire.
Plus loin, le Lotus temple closed lui aussi, n'est qu'une pâle ombre (si je puis dire) de son collègue australien, bien qu'il soit très visité.
A vos commentaires, je réalise à quel point, la colère a parfois pris le dessus dans mes descriptions forcément subjectives et orientées.
Si l'Inde ne m'a pas séduit autant que d'autres pays, certains de ses habitants savent aussi être chaleureux et sympathiques, sans leur sortir la carte bleue. N'oublions pas cet aspect joueur de la culture asiatique, aux règles différentes...
Dans ces pays, l'arnaque des touristes est autant un jeu qu'une nécessité vitale. Dès l'instant où vous montrez ne pas être complètement imperméable à leurs coutumes, voire que vous argumentez la négociation efficacement, certains Indiens vous montrent leur respect et leur amitié.
Problème très occidental, le "doit faire ses preuves à l'examen" ne passe pas toujours et fatigue...
Finalement, je lui laisse 400 rps s'il accepte de faire une photo. 40 francs les 4h, c'est correct...
Idée, compenser avec 1$ et, si ce n'est pas assez, une pièce de 1 euro. Par principe, je me refuse de changer ou de payer par carte. Aujourd'hui, l'arnaqueur, c'est moi.. Perplexe, le patron finit par accepter sans l'euro.
Finis chiottes à jet d'eau et culture auto-centrée, terminer par l'Inde aura été aussi judicieux qu'éprouvant. Partagé entre hâte et appréhension, je me demande comment va se passer le retour et repense à cette phrase Marionettisque "il n'y a qu'une dimension, c'est le présent", sorte d'Akuna Matata...
28/04 - Retour vers le futur...
5 am, c'est parti ! Douche, descente très pénible avec une maison et sa déco sur le dos, taxi à la conduite plus sportive que klaxonnante (c'est dire....), airport.
"Put your bag here...", premier moment de vérité : 28,8 kg...
Théoriquement, droit à 20 kg (et le petit sac en fait 12...)
Échange de regards... "Ticket around the world ?", "yes"... Ok, ça passe.
PS : Bon anniversaire à ce bon gros vieux Lolo !!!