Nombre total de pages vues

mercredi 6 mai 2009

4/05 - Pensées diverses, rédigées dans le train pour Brest, à l'aller et au retour, début de conclusion...

4/05 - Pensées diverses, rédigées dans le train pour Brest, à l'aller et au retour, début de conclusion...
Au tout début de ce blog, j'avais lancé une forme de défi récréatif de création au Créateur (quels que soient son nom et ses adeptes), vous vous souvenez ? Cela tenait d’une idée nombriliste...
Point de départ : et si le monde se construisait autour de moi, semblable au Trueman Show (et toi, public, ferais partie de la matrice) pour divertir un architecte en quête d’observation humaine ?En ce cas, autant se rebeller du fond de l’éprouvette terrienne et donner du travail au type à barbe et blouse, sari, tunique (ou autres) blanches. L’objet devenant sujet, mon intention était de poser des images en 3D sur des mots ouïs, des icônes projetées...
Voir pour croire.
4 mois de boulot !
... Mais je dois le féliciter, il s'est donné du mal, pépère...

A l'heure du bilan et en vrac, au cours de ce mémorable Tour du Monde, j'ai...
- vu des décors improbables en laissant errer des pensées vagablondes,
- joyeusement partouzé avec Morphée sous la couverture étoilée des deux hémisphères,
- frétillé du popotin parmi différentes espèces de requin dans des mers à 30°,- assisté à des "sunrise" et "sunset" hallucinants au son des vagues du Pacifique ou des grognements de dromadaire,
- rencontré et sympathisé avec des gens passionnants de tous pays,
- senti la puissance mystique de sites prestigieux à l'aura palpable,
- dégusté des plats différents entouré de panoramas uniques,
- traversé des capitales polluées au fourmillement codé pour mieux sombrer dans la pénombre incertaine de ruelles isolées,
- partagé sans complexe des conversations dans des langues inconnues,
- négocié des bricoles sur des marchés colorés dans le langage des signes,
- échangé avec des statues Moaïs à Rapa Nui pendant Tapati,
- synthétisé différentes formes d'Anglais incompréhensibles,
- redécouvert la force et l'universalité du sourire,
- ressenti la puissance et l'âme des grands voyageurs m'investir et remplacer les kilos,
- connu les colères des pertes matérielles et la satisfaction des acquis spirituels,
- traversé les époques au pas militaire des conquistadors sud-américains ou celui feutré des moines d'Angkor,- trempé dans les paradisiaques eaux turquoises de Polynésie ou celles saumâtres du Mékong,
- scotché un car d’indiens énervés, en un regard de psychopathe,
- rédigé un carnet de voyages interactif (ce blog) dans les toilettes de trains poussiéreux, sur les banquettes sauteuses de bus antiques ou à l’abri d’une tente moustiquaire...
- (dé)tourné Lara Croft, Lawrence d’Arabie, Robinson Crusoé, Max Boublil,...
- dormi dans des palaces luxueux, des chambres familiales, des bouis-bouis à acariens, ou des couchettes vibromasseuses, à en oublier à chaque réveil où j'étais,- observé des dizaines d’animaux étonnants à taille et origine variables (dont des humains),
- essuyé les sables blancs d'Ouvéa, granuleux de Bora-Bora, rouges du Bush australien ou ceux dorés de Jaisalmer,
- savouré la quiétude souriante des Indonésiens,
- découvert le plaisir animal incomparable de suivre l’instinct quand il résonne, sans raisonner,
- reconstruit le puzzle de moi-même avec la colle des cultures altières et non l’alcool des agriculteurs,
- observé la foi sous ses multiples formes, dans la diversité de ses pratiques et quelles que soient ses appellations,
- appréhendé sommairement l’universalité de l’espèce humaine dans ses convictions et ses craintes,
...
Bien évidemment, cette liste n’a rien d’exhaustif, je la jette du train...

Autres pensées en vrac, illustrées de photos inédites...
Quatre mois sans télé, sans Sarko (on ne m'a parlé que de Carla et d'Alizée), sans portable, sans horaires (quelques contraintes parfois), ..., ne serait-ce que cette expérience redonne des couleurs au présent.En retrouvant la sécurité et le confort de l'Europe, certaines étapes me reviennent (notamment Ouvéa), animées par ce sentiment curieux mais bien réel : "si je tombe et me blesse, on mettra des mois à retrouver mon cadavre..."
Mon naturel plutôt matérialiste s’est heurté à une curieuse règle redondante : chaque culture a apporté son lot d’observations (l’acquis), mais chaque lieu a renforcé l’usage d'un nouveau sens, l’instinct (l'inné) et l’observation des signes.
Pragmatique, j'ai réalisé que lorsque quelque chose ou quelqu’un s’opposait aux projets prévus, il ne fallait pas chercher à se contrarier ou à les contourner, seulement comprendre le sens de l'information et avancer. Peu de regrets ou reproches à se faire, l'expression "j'assume" prenant, enfin, réellement du sens.Autre point moins mystique : comprendre la manipulation de l’Histoire et se réserver le droit au doute.
Des génocides orchestrés par les conquistadors espagnols à l’incroyable mensonge US qui a déclenché la guerre du Vietnam, l’un des enseignements de ce voyage a ravivé la colère de l'invraisemblable.
“Pour notre bien ”, les détenteurs du pouvoir arrangent à leur sauce l’aspect géo-politique de la planète et modulent par la même l’existence de leurs contemporains ; chaque époque ayant ses manipulateurs.
Souvent corroborés par l’instruction, les siècles patinent les massacres et les mensonges, (sous couvert de construire un monde juste) et écrivent l’Histoire, sorte d’arrangement des seigneurs avec leur conscience, pour justifier leurs actes péremptoires. L'Histoire reste l'affaire des vainqueurs.Combien de territoires conquis sous prétexte de querelles de religions ? Combien de peuples de “bons sauvages” (qui maîtrisaient la connaissance des étoiles, des calendriers lunaires et solaires,...) “pacifiés” par nos “civilisations” ? Combien de puits de pétrole contrôlés "pour des raisons humanitaires" ?
Oui, je sais ces réflexions anarchistes aisées, mais enfant, ce monde ne m’a pas été présenté comme cela.
Pas forcément très réfléchi, utile ou constructif (genre “je réprouve la guerre, la misère et la mort”) mais ..., ça M’ÉNERVE !Même si je ne suis plus candide sur le sujet depuis longtemps, difficile d'accepter l'instrumentalisation des médias et de l’École, bien que, régulièrement, les manuels soient revisités et amendés de vérité. Comment croire aux infos dont on nous abreuve ?
Que devons-nous comprendre, par exemple, à la pandémie de grippe porcine (je n'engage que moi) ?
Au vu du peu de résonances dans les pays asiatiques probablement menacés, il s'agit d'un vaste détournement des consciences des autres réels problèmes d'actualité, alimentant à la fois les lobbys pharmaceutiques et un sentiment primaire très prisé chez l’humain “civilisé”, la peur. Mieux que tout film d'horreur ! L'épidémie mondiale, la terreur, mais, SURTOUT, ne sortez pas de chez vous, ma pauv’ dame, votre voisin peut être dangereux et il y a plein de Mexicains dans les manifs...
Vous avez vu le film REC. ?
Aujourd’hui, je prenais plaisir à tousser grassement, après avoir annoncé mon retour sur Sombrero Air Lines, aux côtés de Lolita Ramirez...Fort heureusement, les angoissés européens seront soulagés dans quelques mois d'avoir été bien protégés par leurs fortes institutions attentives, au prix de dépenses abyssales.
Les siècles de manipulation ont enseigné la maîtrise des priorités régaliennes : créer la peur pour justifier la sécurité, “protéger" les vulnérables et détourner du reste.
A ce stade, je trouve d’ailleurs humiliant de nous donner un semblant d’éducation critique et de nous prendre pour des abrutis dans la foulée. Cela s'appelle insulter l'intelligence. Faut pas pousser Mémé dans les orties, à plusieurs reprises, quand elle n’a même pas réussi à sortir du fauteuil.
Indéniablement, j'avais cette sensation dans les tripes avant le voyage, elle a été confortée par l'étude sur place des histoires et des comportements... Donc : ne jamais prendre comme argent comptant les infos balancées, essayer d'en mesurer les conséquences, penser par soi-même et s'accorder le droit au doute.Tiens... Cela participe de l'apprentissage à la Citoyenneté, propre à la fonction de CPE. Et oui, je reprends bientôt le boulot...
A ce propos, Patrick le Shaman s’interrogeait sur mon engagement coupable au sein de l’institution scolaire.
"Absolument pas, avais-je rétorqué, apprendre à douter fait partie de mes compétences, tout autant que mes collègues. Nous cherchons à former non pas des individus génériques, mais des personnes responsables, capables de penser par elles-mêmes. Que ce monde soit injuste, c'est normal (l'homme n'est qu'un animal  évolué quand ça l'arrange), mais qu'il soit présenté ainsi dès le départ et que l'on arrête de nous pendre pour des cons".
Bon, sorry, je m'égare déjà dans des réflexes professionnels. Cela dit, c'est de bon augure pour demain...
Au fil de la dégustation des coquilles Saint-Jacques préparées par Grand-mère, les souvenirs épicés du dernier mois asiatique reviennent également au palais. Ha, il est élucidé le mystère des dragons... Demande un plat "spicy" et tu allumes le barbecue de Jeanne d'Arc à 10 mètres...
Avantage probable, les épices conservent et font oublier le goût fétide des aliments avariés...
Tiens, mon corps, si fatigué au départ, a bien subi cet éprouvant voyage. Finalement, à peine deux débuts de gastro (½ journée de mal de crâne) et quelques affections Orl. Qui tient les rênes de ce truc déjà ? Ha oui, le cerveau...

Autre curiosité du Tdm, l'écriture. Décidément, dans chaque culture, nous avons tous différents langages, même en Français... Que ce soit dans les commentaires ou les e-mails, la différence notable entre le parlé et l'écrit est diversement intéressante.
De mon côté, je n'avais jamais autant écrit de ma life, mais pour une fois, j'avais des choses à dire... Probablement, mon clapet va se refermer avec mon clavier, pour éviter de continuer à exprimer misérablement ces tranches de passé que j'espère avoir restitué avec intérêt lorsqu'elle étaient saisies sur le vif.
Globalement, il ne faudra pas vous étonner si, à certains moments, pour ne pas saouler l'auditoire, ou pour m'en prémunir, je m'isole dans le mutisme...Après avoir connu une douzaine de monnaies différentes - le sourire est universel, le dollar l'est aussi (parfois plus), et bien souvent, on n'a pas l'un sans l'autre, je ne peux éviter, dans ce bilan, la comparaison des budgets.
Plutôt très content de ne pas avoir pu analyser "l'indice Big Mac" des prix (une seule faiblesse au Mexique), j’éviterai une étude approfondie sur le véritable coût de la vie ; cela déclencherait une dépression évidente, tant l'Europe est dispendieuse...
Petit rappel objectif, les chiffres indiqués sur les étiquettes pour l'achat d'une denrée de base (des nectarines en l'occurrence) sont les mêmes au kilo sur le marché de Merida que celui d’Ajaccio ; l'écart se situe ailleurs, un euro vaut 17 pesos... Elles sont certainement bien meilleures et plus biologiques à Ajaccio. Certainement... Bref, lors de la SORRI, j'ai développé l'idée aux Indiens incrédules que certains Européens venaient dans leur pays sans être fortunés ; cela se vérifie très vite chez soi. A l'idée du prix d'un repas ou d'un taxi en France, je tremble et choisis le jeûne (finies les p’tites vieilles !) et la marche. Je savais la vie chère sur le vieux continent, j'ignorais vivre sur la terre la plus riche du monde...
Seul intérêt d'une monnaie forte, l'utiliser à l'étranger ! Donc voyager...
Dernier point, la reconnaissance...
Quand j'étais petit, dans mes rêves, il y avait toujours un grand con, "insecure" et mal dans sa peau qui venait casser l'ambiance, nuire à mes projets de gosse, rompre l'harmonie.
J'avoue l'avoir complètement oublié en grandissant, et un jour, je l'ai rencontré... Par un singulier flash rétroactif où mon regard d'enfant est brièvement revenu, l'image de ce détestable personnage se reflétait en face de moi dans le miroir. Oui, sans nul doute, cela pourrait intéresser les psys, mais eux ne m'intéressent pas (sauf mes potes ;-)).
Ce n'est pas une connerie. Pure vérité. D'ailleurs, ceux qui me connaissent vraiment savent que j'ai toujours éprouvé des difficultés à accepter mon faciès, il ne correspondait pas à ce que je me sentais être.
Vraisemblablement, nous sommes nombreux dans ce cas, ce qui pourrait expliquer plusieurs maladies (à différents degrés) sur la difficulté de supporter son propre reflet, ainsi que l’épaisseur anormale des portefeuilles des cliniciens esthétiques et de leurs amis psy .Pour la première fois, c'est fini...
Il m'aura fallu un tour du monde pour me (re)trouver dans une glace mais le reflet que j'y vois maintenant, me plait, je l'assume sans problème, je le reconnais : ce type ébouriffé à la barbe fluctuante, c'est bien moi. Je ne suis pas devenu, je suis.
Et c'est une bonne nouvelle.

Enfin, suite à vos intéressants commentaires (au goût âpre de la fin d'aventure), je tiens également à rassurer les inquiets. Au cours de ces quatre mois, j’ai inscrit ces divertissants moments dans le livre de mon existence et, fidèle au Yaamanisme ("Smile, Quiet and Carpe Diem"), je parcours les pages écrites, stylo tendu, pour mieux m’intéresser aux pages blanches qui suivent, à noircir de vie demain...Cher Timothée, tu m'as mal compris (ou je me suis mal exprimé), j'envisage le futur non pas comme un frein du présent, au contraire, nous avons tous besoin de projet, mais bien comme un moteur.
Simplement, j'observe deux choses. Si l'on ne vit que pour cet hypothétique futur, cela signifie que le présent est "freiné", il n'a pas sa juste place dans l'espace, certains moments sont manqués et des frustrations s'opèrent. Au même titre que le passé et sa maïeutique coexistent en chacun de nous, le futur ne doit pas occuper trop d'espace dans nos têtes éprouvées...
Combien de personnes vivent en reportant systématiquement leurs envies, pour diverses raisons, à un "plus tard" incertain ? Ne serait-ce que dans l’envie de faire un tour du monde : les “justificatifs” fournis par les uns ou les autres, qui “ne peuvent jamais” (sans juger personne), sont éloquents.
Pour ma part, je souhaite désormais fonctionner en accordant une portion légitime à chacune de ces dimensions. En conséquence le présent doit s’octroyer la plus grande part et non la plus maigre (cas extrême de ceux qui ressassent leur passé et espèrent leur futur). Une seule dimension (importante), le présent !
Non pas qu'il ne faille rien raisonner, mais je prône l'idée de sortir réellement du cadre sécuritaire, propre à notre culture, qui sclérose beaucoup d'entre nous.
Comment savoir que l'on s'est bien sorti d'une situation quand on ne se met jamais en danger ? Après chacun choisit son échelle...
Certes, c'est un fonctionnaire qui parle (...), mais pas un mammouth, un éléphant.En tout cas, pour moi, ça, c'est fait.

Pour conclure sur ce terrain de la pensée que je ne maîtrise pas vraiment, une philosophe franco-australienne en herbe (non pas celle de Yaaman) confiait récemment : “le privilège de l'homme sur l'animal est qu'il est perfectible dans son présent, quant à sa connaissance du passé et son appréhension de l'avenir”, puis elle a ajouté que l'homme a cette (regrettable) "capacité de se poser une multitude de questions alors que le nombre de réponses est limité" (M.P.).
A méditer...
Quelques calculs, des conseils et des questions, le dernier article sera livré dans les 3 jours...

1 commentaire:

Mamanpapounet a dit…

Encore une facette que tu dévoiles clairement, le philosophe. C'est bien, très intéressant et visiblement sincère, mais reste un peu déjanté quand même, on y est tellement habitué !
Ce TDM aura vraiment été positif et j'en suis très heureuse pour toi et pour nous car on n'était pas très rassuré le 28 Décembre, sur aucune des dimenssions que tu évoques, sauf sur notre confiance en une bonne "étoile"(?) que, personnellement, j'ai toujours vue au-dessus de vous trois et aussi sur un sens certain sens de la "démerde" qu'on vous même un peu inculqué....
C'est aussi mon dernier commentaire, poursuis bien ta route, et fais que cette expérience reste un énorme avantage et ne devienne pas un handicap, fut-il philosophique, pour la réalité basique.
Gros bisous et...donne quand même un peu de nouvelles, on s'y est habitué ! Maman