Nombre total de pages vues

mardi 21 avril 2009

15-16/04 – Le crime ne paie peut-être pas mais le Delhi est dispendieux...

15-16/04 – Le crime ne paie peut-être pas mais le Delhi est dispendieux...
15/04 – Retour à l'aventure...
En m'asseyant dans l'avion de la Cathay Pacifics (compagnie de Hong Kong), l'impression que l'Inde va être encore une aventure singulière me parcoure. Tant mieux car ce sera la dernière de ce TDM... Oui, public aimé, sors tes mouchoirs et reprends le catalogue "France Loisirs" pour occuper les tiens, bientôt cette aventure "humaine", enfin je crois, prend fin.
Pour la conclure en beauté, je relance la machine à suspense : terminés hôtels de luxe et organisation préalable, retour à “je-sais-pas-où-je-vais-j'ai-pas-de-guide” et au couchsurfing. On verra en pratique, mon souhait est de repartir à l'aventure dans le flou le plus absolu...
D'emblée, la réponse 14 a fait des siennes, je devais aller squatter quelques jours dans une famille bretonne à Bombay (Mumbai), finalement, je décolle pour Delhi, la ville apparemment à fuir où je devais achever mon périple. Autre projet incertain, croiser des Français, amis de Marion la kbécouèse en orbite asiatique, qui ont également été détournés vers la capitale indienne.Perdu dans ces pensées, je réalise à peine les conversations de marché autour de moi. Tout le monde semble se connaître dans le cockpit de 350 places. A contrario, ma voisine indienne, enfouie sous son foulard, ne pipe mot (pas de chance Mot) et répond au dossier du fauteuil quand je lui parle...Un peu tendu par la fatigue, je me sens, dans un premier temps, agressé par ces barbus ou moustachus bedonnants à la peau mate et aux cheveux de jais : ils bousculent impoliment, lancent des regards de défiance, prennent la place aux toilettes dans une impolitesse totale, font demander à l'hôtesse d'avancer mon fauteuil pour ne pas m'en aviser directement, etc.
Puis, je comprends aux regards angoissés des hôtesses en dépression, qui se font proprement insulter pour le repas, que, dans cette autre dimension, la courtoisie et la bienséance n'existent pas. Chacun pour soi, loi du plus fort et fais tes preuves construisent la légitimité des rapports humains ; par ailleurs, dans ce domaine à poils apparents (on devine les bruyants enfants bientôt barbus), les femmes et les étrangers n'ont rien à dire...
C'est ce qu'on va voir : la suffisance des uns dépend de la musculation des autres...
Je ne suis pas en reste et, croyez-moi, entre les cheveux à 3m, la barbe patibulaire et les sourcils de Nicholson, quand je prends ma tête de Conseiller Psychopathe d'Excitation, je fais plus peur que San Go Ku qui vient de se prendre une beigne (pour qui ne me connaît pas) ! Bref, dès l'avion, je suis prêt à en découdre...
Rétroactivement, cette position défensive m'amuse : je me suis tellement blindé à l'approche de ce pays très particulier que le ridicule me rattrape. L'Inde, le pays décrit par tous ceux qui l'ont pratiqué comme "LE" choc touristique de leur life : "tu verras des gens estropiés partout"... "Oublie tes bons sentiments, il y a des morts sur les routes"... "la circulation ? j'ai passé 10 mn à la sortie de l'aéroport à essayer de comprendre de quel côté ils roulent et je ne sais toujours pas."... "Avantage de la pauvreté, tu manges et dors pour un euro par jour...". Mouais, ben sur ce dernier point, il y a erreur...
Dernier témoignage de l'ambiance aérienne : après l'atterrissage, alors que l'avion roule encore, tout le monde défait sa ceinture, se lève et prend ses affaires... Quand une hôtesse s'énerve, elle doit négocier avec le gros poilu méprisant pour qu'il respecte le règlement...
A mon entrée dans l'airport, je suis donc bien échaudé. Tentative Wi-fi avortée, aucune possibilité d'acheter un guide, je tente d'être le moins possible à la merci des traqueurs de touristes.
Premier réflexe acquis, aller consulter le taux de change. 1 euro = 64 roupies environ. Ok. Ensuite, trouver l'office du tourisme de l'airport... Moins gagné, 4 structures font "office, résas de taxis, tours et hôtels". Indépendance garantie, of course...
Très employée par la suite, face à ses menteurs invétérés qui pratiquent des prix "touristes" et "indiens" très différents (imposés par le gouvernement), ma Stratégie Officielle Réussissant à Rembarrer les Indiens (SORRI) s'élabore en quelques secondes : "Hello, how much is it for.... ? ... Too expensive, sorry... Yes, I understand you, but understand me : I've been travelling for 4 months, India is my last stop and I've only 50 euros to finish my travel..., I don't want to sleep in a beautiful site, I want to eat for ten days...". Cela marchera partout où les prix se négocient et, au pire, ils tirent la tronche, incrédules mais me laissent tranquilles. Je ne suis définitivement pas une bonne carte bleue européenne...Pas trop le choix ce soir, je me laisse driver vers le centre, voulant un hôtel pour 10 dollars maxi (ils en exigeaient 30) par un chauffeur friendly, parlant plutôt bien l'Anglais, sympathisant volontiers et me proposant ses services pour la suite. Ok, mode SORRI.
Négociation de la chambre miteuse pour 15 $, ça démarrait à 22, et elle est vraiment pourrie, mais il est 11 pm et je suis un peu seul avec mes gros sacs... Tout sent l'escroquerie à plein nez, même le garçon de chambre cherche à m'entuber pour une bouteille d'eau... Leurs formalités officielles exigeant passeport, signatures diverses, photocopies du passeport m'inquiètent un rien aussi.
Tout est fermé autour, je m'enferme et m'endors, fracassé, au milieu de mes nouveaux amis acariens, malgré le paréo et le duvet en protection sanitaire... Haa, j'étais mieux hier soir...
16/04 – Même pas peur...
Lever assez tardif, malgré les bébètes, forcément, il n'y a pas de lumière du jour. La douche effraie plus que le blair witch project : pour éviter de la rendre, je ne la prends pas...
En bas, alors que je demande juste le chemin pour aller au centre ville consulter internet et acheter un guide français, un type propose de me déposer "free". Pourquoi pas ? Mon instinct indique de rester sur mes gardes mais rien à perdre. Ce sont des malins... Durant toute la journée, chacun
1- pose les mêmes questions "come from ?" (ha tsalou, comment ça veua), "how many days in India ?", and "first time ?",
2 - devient mon ami et va m'aider (parce que les autres sont tous des arnaqueurs), que ce soit un quidam de la rue, un responsable d'agence ou un chauffeur.
Cela dit, chacun d'eux est tout ça à la fois, leur polyvalence est incroyable et, si il te manque un truc, la famille l'a. Ils ne lâchent rien, d'autant plus quand les gros sacs appauvrissent le potentiel d’évitement...
Mon driver me dépose donc à un internet gratuit qui est son agence de voyages ; je contrarie le monsieur, SORRI, me choisis un itinéraire potentiel, envoie un mail aux 2 Français en vadrouille et me dirige vers la gare, seul endroit sûr et sans arnaque pour retirer des billets.
3m plus loin, un type propose de m'accompagner en me demandant d'où je sors... "ici, ils t'arnaquent, je vais t'amener dans une agence officielle". Pourquoi pas ? Je commence à piger les stratégies de pigeon, mais ma SORRI les contre imparablement – il suffit d’avoir quelques roupies en poche et pour les grosses négociations, un billet de 50 euros.
L’heure de plus dans cette agence se résume ainsi, le gars appelle un numéro (vrai ou pas) qui annonce trains et bus complets ; tu as peu de jours donc il t'arrange un tarif avec itinéraire, chauffeur et accomodation pour 35 euros/jour. SORRI : 28 euros. Je pleure presque autant que lui, mais suis intéressé par un bus pour Jaipur (5h de route) et un changement d'hôtel (garanti avec aval gouvernemental, internet et breakfast). Je dois avancer quand même un peu... Ok, 25 euros, le tout.
A côté de son regard suite à la transaction, un chien battu ferait penser à Lassie sauteuse, je me libère. L'éleveur d'acariens tente une récup, en vain... Pfffooouu.Cautionné autant par cette agence "gouvernementale" que par le Routard, le deuxième hôtel présente bien, malgré les travaux. Intégré au sein d'un quartier animé, je me promène quelques minutes avant de m'évader sur la terrasse d'un restaurant, aussi bon que désert, au sommet d'un immeuble voisin. Un peu cher cela dit, mais n'entendre que les klaxons est indéniablement plus reposant que le tumulte urbain.
Au moment de payer, le patron du resto devient mon ami, a vécu en France, fait aussi agence de voyages, me propose un itinéraire, un chauffeur,... 25 euros ! Mouais, facile de sympathiser avec ces vendeurs polyvalents multi propriétaires à 24 ans finalement. Je ressors avec sa carte. Et c'est tout, il n'a pas vu la mienne.Ensuite, direction l'hôtel, où le patron me démarche également, puis Internet... Enfin peinard !!!
Avec plaisir, je retrouve cette drogue internautique apaisante, publie le Cambodge, me promène sur facebook et envoie quelques mails.
A 7 pm, je réalise que la nuit va bientôt tomber, que je n'ai pas encore vu Delhi, notamment les jolis temples pas très loin (dont celui du lotus qu'on dirait l'opera-house de Sydney), hop, action...
Instructive, la balade sans plan m'amène sur les axes routiers à observer les usagers qui les vivent et m'observent aussi.
A terme, l’Inde me surprend moins que je ne l’avais imaginé. Bien préparé je suis ? Disons que la traversée d’autres pays asiatiques appauvris m’ont bien vacciné...A un point inquiétant, d’ailleurs : observe sans rien ressentir entre les taxis, les vaches, les commerces, les pauvres hères qui dorment sur le trottoir. Sans le réaliser sur le coup, je comprends quelques mètres plus loin que le type endormi sur le petit rond point, fixé par tout le monde est probablement mort... Etc.
Après plusieurs km de marche, ayant bouffé plus de pollution qu’un tractopelle japonais, je tombe enfin sur la Connaught Place, le centre touristique, commercial et non pollué de la cité...
Plusieurs questions s’invitent dans ma cervelle en croisant les différents autochtones : comment font les Indiens pour rencontrer des femmes ? J’en ai très peu croisées alors que les couples gays, fort nombreux, s’affichent librement... A quoi reconnait-on réellement les castes indiennes ? Les classes supérieures se pressent visiblement devant moi, dans ces magasins de luxe, gardés à l’entrée, mais si ce n’est leur niveau de dépenses, je ne les distingue pas vraiment. Comment gagner sa vie au sein d’un bazar de nuit where all the people sell the same think ? Comment vais-je me débrouiller sans guide, dans les 10 prochains jours, ils n’ont aucun guide en French et s’en tapent pas mal... Et finalement, moi aussi.En retrouvant ma chambre, avant de rattraper le retard bloguesque habituel, j’allume la tv et je commence à comprendre la réalité de l’Inde sans mon prisme ethnocentrique.
199 chaines Tv, 10 occidentales. Perçu comme une farce indienne kitsch, Bollywood est un monstre de production et de productivité, à l’image de ce pays. Ils n’ont besoin de personne, leur nombre pèse plus que beaucoup de leurs voisins, leur tourisme aussi. Les Indiens sont en vacances scolaires et ils supplantent largement le nombre de touristes.
Comparable aux USA, l’autosuffisance des Indiens de Delhi me déroute un peu : vivre en touriste dans cette contrée va m’amener à fonctionner différemment...
Nouveau challenge... Il y a tant à écrire sur l’Inde, demain départ pour Jaipur, première étape d’une odyssée au cœur du Radjasthan...

3 commentaires:

Mamanpapounet a dit…

Salut,fils
Après le Pont de la rivière Quoaa (comme disent les Brestoas) voilà que tu arrives au pays du cinéma intense (Bollywood produit plus que les USA et l'Europe réunis si je ne me trompe pas) mais ce ne sont pas les Indiens de John Wayne ou John Ford (suivez les flèches dit-il d'un air carquois !) que tu rencontres car apparemment les scalps sont très longs. On m'avait dit que l'Inde c'était spécial et je pense que tu commences à abonder en ce sens très vite. Fais attention à toi car les étrangers sont assez mal vus globalement selon ce qui m'a été rapporté et rappelle-toi Indien vaut mieux que deux queues de rat!
Bises et à la semaine prochaine
Père

Lena a dit…

Te revoilà parti pour de nouvelles aventures ! Vers l'oeuf cosmique et l'au-delà. Enfin, t'en approche pas trop, de l'au delà...
Bisou papa vitrier adoré !!!! Sois prudent sans excès, et vis tes derniers 10 jours à fond !

Nathalie a dit…

Au Radjasthan (infernal à écrire ce truc là !) .... mais c'est là qu'il y a des tigres !!! Garde tes distances avec les gros chats surtout ! Même au bout de presque 4 mois le dépaysement est au programme .... rassurant de voir que tu n'es pas blasé !
Plein de biz ... à très très très bientôt dans notre petit bout de la terre à nous !