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mercredi 1 avril 2009

28/03 - Reprenons à nos moutons... Un peu d'Histoire dans l'histoire s'impose.


28/03 - Reprenons à nos moutons... Un peu d'Histoire dans l'histoire s'impose.
1 pm, hall de l'hôtel de Can Tho, 2 couples de « feu notre Mekong Team » parlent en Allemand, me voient près d'eux mais ne m'adressent pas la parole. Bon, je commence alors... En fait, Neil et Isabell, les calmes et installés, se montrent, à terme, aussi cools que Robert et Christa, les jeunes rebelles détendus et souriants. Pas de bol, ils doivent parler en Anglais... et le mien en plus !
Remuantes, les 2h de bus entre Can Tho et Rach Gia nous permettent de faire connaissance, plus ou moins tranquillement. Plus ou moins, parce que dans le micro-bus, nous sommes déjà assez serrés, surtout Isabell (Ho ho, private joke COPsy), mais quand les 5 Vietnamiens viennent s'ajouter sur les sièges, ça vire à l'attouchement collectif obligatoire...
Après 1h de conversation-découverte, ces jeunes freluquets nous obligent à cesser momentanément la discussion. Durant cette pause imposée, mon CC prend place sur mes rotules secouées et le résumé-fleuve (forcément) du Mékong démarre. Anecdote de l'instant : durant l'heure suivante, mon adolescent de voisin asiatique scrute alternativement mon laptop ou ma face sous cheveux (sa cuisse frémissante collant la mienne, plus pileuse ; je m'inquiète : est-il gay ?), alors que j'écris et bien qu'il ne semble pas comprendre le Français. Curieusement, ma vision assez personnelle du Vietnam prend forme sous les yeux très attentifs d'un vietnamien (pour qui, c'est du Chinois ?)...
« Un bras de rivière saumâtre et un ronronnant bruit de moteur. La vieille embarcation fracassée de GI baroudeurs pénètre lentement dans les vapeurs matinales... avant le barbecue... ». Au bout de quelques lignes, exténué par un manque de sommeil évident et bercé par la route « Bonne nuit les petits » locale, je m'endors. Au réveil, j'opte pour la lecture du Old Lonely et instruire mon neurone survivant de l'histoire singulière de cette dixième étape. D'ordinaire, apprendre sur place, le passé d'un pays me touche toujours ; pour cet endroit, l'impact est supérieur : des réminiscences et images d'infos télévisées de mon enfance s'ajoutent étonnamment au texte et aident à composer le puzzle de mémoire. Bien entendu je n'ai pas la phénoménale mémoire de Lolo, capable de se rappeler d'un Grand-père tapissier, le jour de sa naissance (Lolo, si tu nous entends... ;-)), ce qui me revient doit correspondre à l'après-guerre. Impressionnant... En fait, Vietnam et guerre sont des mots intimement liés, depuis des siècles, ce peuple s'est toujours battu. Comme d'hab' sur ce blog pédagogique, je vous propose un résumé succinct de l'Histoire à travers mon prisme subjectif (je ne recopie pas le guide) ; si certains souhaitent compléter, rectifier, voire infirmer, pas de souci...
Durant le premier millénaire, le puissant voisin Chinois s'est imposé au Vitenam, mais en 938, les seigneurs locaux se rebellent et prennent le dessus. Début du XVème siècle, les persistants Chinois reviennent, avant de se faire éclater par Le Loi, un riche seigneur vietnamien, devenu héros, qui fédère le peuple et se proclame empereur en 1428. Tandis que les premiers marins portugais débarquent avec quelques missionnaires, les dynasties se succèdent (Trinh, Nguyen), et contribuent à l'expansion du pays, notamment sur le Laos et le Cambodge. Au cours du 19e siècle, les Français imposent leur puissance de feu, sur cette colonie marchande, malgré de nombreuses poches de résistance, créant l'Indochine. Pendant la 2ème guerre mondiale, les Japonais envahissent le territoire, laissant cependant la gouvernance aux Français en débâcle.
Soutenu par les Américains, Ho Chi Minh, au destin étonnant (j'y reviendrai), en profite pour poser ses marques et reconquérir son pays, notamment par le Nord et Hanoi. Symbole d'espoir et de résistance, il crée le Viet Minh (Ligue pour l'indépendance du Vietnam), et lance un appel, lors de la « Révolution d'aout », pour le soulèvement général, sans tenir compte de l'avis de l'Empereur Bao Dai, en 45, contribuant à la libération de son pays.
Dans leur grande mansuétude, les « grands » vainqueurs de la guerre décident alors, à Postdam, de couper le Vietnam en deux, par le 17ème parallèle. Le Nord au Guomindang, le Sud aux Britanniques.
Parallèlement, le monde assiste à la création d'Israel en 1949, sommant les Palestiniens de laisser leurs terres. Cette ingérence des puissances dominantes (sans doute nécessaire ?) dans la vie d'un peuple engendre forcément des conflits interminables. Au bout de quelques mois à tenter de récupérer le Sud et à gérer difficilement le Nord (en raison de la pression chinoise), Ho Chi Minh accepte officiellement le retour des Français. Le Vietnam devient Etat libre au sein de la république. Mais ça tourne court. En novembre 46, afin de conserver l'exploitation du caoutchouc pour les usines Michelin, notamment, la France se lance dans la guerre contre Ho Chi Minh, contraint à s'exiler. Les combats se succèdent jusqu'au siège de 57 jours de Dien Bien Phu en mai 54.
Abandonnant sa colonie, la France est immédiatement relayé au niveau diplomatique par des « conseillers » US omniprésents, inquiets du pouvoir d'Ho Chi Minh. En aout 64, en pleine « guerre froide », jugeant l'expansion rouge dangereuse et prétendant avoir été attaqués, les USA commencent les bombardements, bernant le congrès. Le Nord forme le Front National de Libération, appelé de manière plus péjorative Viet-Cong (Communiste vietnamien) et les combats reprennent, jusqu'à l'offensive déterminante du Tet en janvier 68, vue à la TV US, contribuant à retourner l'opinion publique et favoriser l'élection de Nixon, le menteur...
Passons maintenant nominativement aux morts, civils et militaires. Tout d'abord, Nguyen Than Son,... Non, je déconne. Tout cela m'intéresse mais ne peut se condenser avec prétention en quelques lignes. Disons, pour conclure, qu'en 73, les USA abandonnent à leur tour, ayant perdu environ 60 000 soldats, le Viet Cong, 1 million (civils et militaires). La réunification du Vietnam en 76 amène le Viet Cong à continuer de s'étendre, envahissant en 1978, le Cambodge pour lutter contre les Khmers Rouges, jusqu'en 1989. Suite à ces ravages humains, fuyant les règlements de compte des communistes, type « chasse aux sorcières », plusieurs milliers de Vietnamiens et Cambodgiens fuient vers l'Occident (les fameux boat-people).
Bilan, un Vietnamien né en 1920 et encore (sur)vivant peut avoir combattu 6 nations différentes au cours d'une vie de guerre... Et, je ne suis pas sûr qu'il profite d'une bonne retraite... Certes, c'était long, mais à l'arrivée à Rach Gia, le coeur chargé de cette Histoire, voir les habitants nous accueillir encore plus souriants et friendly qu'ailleurs me scotche. Situé en dehors des parcours d'agence, Rach Gia s'amuse à nous recevoir engendrant une nouvelle impression de changement : nous sommes les seuls touristes de ce gros village ; les enfants, comme les adultes, viennent à notre rencontre, sourires au lèvres, illuminés par des « Hello » emplis d'authenticité. Enfin...
Pendant ce laps de temps, le ciel prend une couleur pourpre aussi inquiétante que fascinante. Par ailleurs, je me félicite (« Bravo Titi, quelle bonne idée, tu as eu là ! - Rhoo, c'est rien, tu sais... - Si, si, j'insiste », etc.) d'avoir fait le choix de laisser le patron organiser l 'intégralité du transfert, pour un euro supplémentaire. Les deux jeunes ont préféré s'organiser seuls, en voyant sur place, et finissent dans le même hôtel que nous, plutôt classe d'ailleurs comparé au coût (15 $ la nuit, grande chambre spacieuse, carrelage kitsch dans dans la bathroom,...) Avant le repas au bœuf chewing-gum, la balade au cœur du village et de ses habitations étonnantes devient un excellent souvenir. Chaque maison se présente ainsi : un hall dépourvu de meubles faisant office de chambre, salle à manger, garage,..., où trône une tv, parfois à proximité d'un autel d'où s'échappe de l'encens. Endormis ou attentifs, les uns nous saluent, les autres viennent nous parler. Certains ont un regard chargé d'histoire. « Ont-ils de la haine contre les Français ? Conservé un esprit de guerre ? », m'interpelle-je. Réalisant me promener avec des Germains et des Autrichiens, pas forcément les meilleurs potes des Français, il y a 60 ans, l'évidence que chacun aspire, à terme, à la Paix me saute à la figure. Encore des signes possibles générant questions et réponses immédiates. Sur ces réflexions tortueuses, croiser un type qui fait une fête foraine, musicale et lumineuse, à lui seul, est salutaire. Repos et blog à l'hôtel, nothing else to do. Publication dans l'improbable « centre internet » du village, puis, je m'installe sur un banc au bord de la place principale, observant, avec curiosité, le rituel récurrent des villageois.
Qui donc est symbolisé par cette statue centrale? Le célèbre « Oncle Ho », Ho Chi Minh ? Non. Ils vénèrent Nguyen Trung truc, leader de la résistance vietnamienne contre la récente présence française en 1860. Pour ne pas laisser mourir sa mère et des civils capturés, il se livre aux occupants qui le fusillent...
Un par un et de tout âge, attendant leur tour patiemment, le usagers viennent saluer cette icône qu'ils célèbrent, en plus, aujourd'hui. Nous sommes bien tombés. Baissant trois fois les bras après avoir saisi et enflammé un bout d'encens, ils le portent comme une lumière à leur front, puis s'agenouillent parfois. Un flic local gère l'ensemble. Aucune agressivité dans ce défilé, où je suis très surpris de voir arriver totalement libres, des jeunes de 15-16 ans, fermement résolus. On est loin de la crise d'ados..
« Incroyable ! » m'hurle-je dans moi-même (ça fait super mal) : qu'il s'agisse d'un dieu ou d'un seigneur, d'un vivant ou d'un mort, humain ou animal, a-t-on tout le temps besoin de croire en quelque chose pour donner du sens à son existence ?
Si je fais mon curieux, pratiquer l'observation participante en ces lieux peu fréquentés par des étrangers, engendre aussi la curiosité : sur ces réflexions arrive une jeune vietnamienne (entre 15 et 20 ans). Elle tente de converser avec moi, mais ne parle ni anglais, ni français... Pas gagné.
Non, elle ne cherche pas à monnayer du sexe. (je préfère les chiens, j'ai dit...). 5mn de non conversation stérile. Puis, un type bourré vient s'asseoir sur le banc à 51 cm de pastis de moi. Encore moins évident de comprendre ce qu'il cherche... Enfin, un autre habitant, aussi intrigué que les autres locaux siégeant sur la place, me demande en English, pourquoi je suis assis là. 5 mn à expliquer avant de réaliser qu'il ne comprend rien. « Yes, yes... ». Dans l'attente de Phu Quoc, je pars me coucher, sourire au lèvres... Après la sensation de fin du voyage, en Australie, et bien que je n'en attendais rien, je suis en train de tomber en amour de l'Asie, si différente, de son renouveau et de son histoire. Dodo, demain le Ferry et le paradis de Phu Quoc nous attendent...

1 commentaire:

bianca a dit…

Message des surveillants du 207 "même pas jaloux "
Ton bureau est bien décoré!!! Super Yvette est au TOP.... Mr Leonetti est à la retraite depuis hier et nous,nous nous sommes mis au LOTO!!!!
A bientôt, gros bisous