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lundi 27 avril 2009

22/04 – Udaipur, le contrecoup... Yaaman est mort.

22/04 – Udaipur, le contrecoup... Yaaman est mort. Pas dormi de la nuit, les routes indiennes font de l'élevage de dos d'âne sans les oreilles. Résultat, j'arrive le dos en compote et totalement lessivé par un trajet non envisagé comme l'attraction vibro de Lunapark.
Traditionnellement, un "ami" me prend en charge dès les premiers pas.
D'après la lecture des mails de la veille, les 2 Français en vadrouille inverse de mon parcours y squattent, je peux donc les retrouver et n'ai besoin que d'un centre internet pour savoir s'ils ont répondu à "Où vous êtes dans Udaipur ?".
Évidemment, le driver de l'autorickshaw me conduit chez un de ses potes, propriétaire d'une guest house avec magnifique terrasse équipée d'internet, qui ne comprend rien quand je commence par "I don't want a room" à 6 am... Irréelle, la situation devient vite abusive, mais pour une fois, à mon avantage : j'utilise ses toilettes, branche mes batteries, squatte 2h le pc et demande une serviette pour prendre une douche. Sympa, ce cyber (pour 20 rps de l'heure, oubliés à la facturation) !
Réalisant, à la lecture du mail de Marie-Sophie, la confusion dans la date (aucune contrepèterie), je me sens penaud et sans amis : leur départ n'est pas pour ce soir, il était hier...
Pô grave, l'improvisation fait ma force. Expliquant à l'avenant patron un peu circonspect que je ne peux rester sur Udaipur, faute de temps, je commande un breakfast, lui demande de réserver le bus pour Pushkar et précise avoir des amis arrivant bientôt (stratégie de base pour favoriser la sympathie des hôteliers une fois installé chez eux)...
De fait, il appelle un de ses amis qui parle Français (rare chez les Indiens) et mes bagages sont à l'abri dans sa guest house. Yooo ! Après négociation Sorri des prix, le type me présente son frère, un playboy à la Jules les Églises (Julio Iglesias), chemise rouge et Ray Ban, prénommé Jacky, flambant neuf sur sa moto qui l'est aussi.
Vraiment sympa, ce guide de 30 ans me prend en selle et sans casque, pour un parcours en 3 étapes (+1 surprise), long de 30 km, moyennant 300 roupies (5 euros).
Coup de génie si on fait les contes, non ? Jacky, de son vrai nom Jaffar (après Aladin à Jaisalmer et le rêve bleu à Jodhpur, ça ne s'invente pas) s'exprime dans un Anglais parfaitement compréhensible, se dit artiste, est marié, a un fils de 10 mois et manque de peu de devenir un vrai ami.
Sous l'hivernale température de 45° (voilà le génie sans bouillir), la balade nous conduit tout d'abord au cimetière des Maharajas d'Udaipur aux sépultures type HLM à colonnes, moyennant 20 rps de potion d'invisibilité versés au gardien.
Chose étonnante, des vases remplies d'eau pendent au-dessus des ombres, destinées à abreuver les pensionnaires. Ha ? J'ignorais qu'ils avaient encore soif... Pour ma part, je souhaite un tonneau de Heineken. Ensuite, nous prenons la direction du Tiger Lake, situé à 15 km. Il doit son appelation à la vision récurrente de tigres venant s'abreuver eux aussi à cet endroit. Ha ? C'est pas un zèbre, le truc qui poursuit la moto, alors ?
Résidence d'été du Maharaja, le Water Palace montre brièvement son éclat sur le trajet. Avant d'atteindre le lac, bref passage dans une boutique à drinking water, j'ai soif et paye son coca à ce driver décidément intéressant, intéressé et souriant : nous échangeons depuis 1h sans interruption sur nos vies.
Depuis la réponse mécomprise sur ma situation maritale, je suis son idole : "No, I'm not married, just a girlfriend ; in France we could have many girlfriends without getting married". J'entendais cumulées dans le temps, il a entendu, culbutées dans le présent. Amusant, il me croit donc avec 5 filles différentes aujoud'hui. Oui, mais lesquelles ??? Lucie, Karine, Christiane, Sabine, Patricia, Béatrice, Roger, Yvonne, Médor, ..., ne prenez pas ombrage, merci.
A nouveau, la curieuse sensation d'atterrir en Grèce m'envahit. Il faut avouer qu'il y a des éléments de comparaison...
Fidèle à nos habitudes, Yaaman pointe le bout de son nez enfumé, intriguant le Jacky, pour un traditionnel cliché.
Soudain, un singe voisin, surgissant du dessous d'un mur, l'embarque sans que nous puissions rien faire et disparaît dans la forêt bordant le Greek Tiger Lake. Je hais définitivement ces monkeys. Que dire, que faire ? Prier ?... Rien. Alors que des adolescents boutonneux et envoyés paître me demandent de les prendre en photo, je déplore une nouvelle perte importante et symbolique du TDM. Yaaman est mort.
Contrarié Jacky me propose de driver sa moto, peu dangereux dans les campagnes isolées. Un mètre d'aventures plus loin, je me résous à (ré)apprendre cet art en France.
Bien que non envisagée au départ, Jacky propose de passer par son village, lieu de résidence de l'école d'arts où il étudie. Retrouvant la sérénité nécessaire dans l'atelier, cadre méditatif et appliqué, je fais connaissance avec Gonish, le responsable à l'English très posé et pédagogique autour d'un "chaï" (le thé au lait sucré et masala). D'entrée, la Sorri préserve mon porte-monnaie des propositions de subventions éventuelles.
Très intéressant, il m'explique avec un ton très doux, l'art de la miniature (spécialité d'Udaipur consistant à reproduire sur des toiles parfois minuscules des événement de l'histoire indienne), me montre les différentes composantes naturelles permettant de créer les 5 couleurs majeures (Oxyde de Zinc, Oxyde de fer, Indigo, Graphite, ...) puis m'amène dans la salle d'exposition des ventes (alors que je lui parle de "mon" art favori : le théâtre).Certaines toiles sont typiques et magnifiques mais chères (1800 roupies l'une), je me refuse à ne pas tenter le coup : 3 peintures m'intéressent vraiment, tant elles rayonnent de couleurs... Palabres puis, je sors le billet de 50 euros, expliquant n'avoir que ça et devoir payer notre ami commun à la fin de la journée. 3200 – 300, je ne peux débourser que 2900 et partirai sans rien plutôt qu'une seule toile...
Après sa crise cardiaque, il appelle l'artiste, je l'entends en Anglais dire que le client est honnête et friendly, il revient... OK, je peux prendre les 3 toiles. Au versement, il lance à Jacky quelque chose qui semble ne pas plaire à mon ami Julio, je ne saurais jamais quoi (pas de pourboire ? Les 300, je me les garde ?...), mais notre complicité s'arrêtera là, car son attitude devient suspecte. Déjà, il me savait démuni financièrement en arrivant à l'atelier. Dernière visite de la journée, le City Palace de petite taille est rapidement expédié, peut-être en raison d'une contrariété réciproque. A l'arrivée, Jacky "m'avance" le prix des entrées (il me reste 150 rps) et prétend payer 200 rps pour la camera, tentant de détourner mon attention du guichet. Je n'ai JAMAIS payé pour une camera... En lui demandant les tickets d'entrée (sans mention camera), en dépit de son attitude très zen, je suis déçu et il sent le bris d'une amitié en construction, malgré les photos dans la cage des tigres et "I believe I can fly"... Rien n'est exprimé, cela dit. Pour le "plaisir" (ou compenser), il m'invite à manger dans sa maison, me présente sa femme et son fils, va me chercher une bouteille d'eau, puis me ramène à la guest house. Alors que je veux changer un billet de 50 euros, son frère me le prend des mains pour "faciliter" la transaction... et demander une commission prise sur un taux de change abaissé par le guichet de rue. Pas complètement idiot, je refuse l'échange à 63 rps, reprend fermement mon billet, effectue le change moi-même plus loin et, au moment de rembourser Jacky, lui demande des explications. Quand je vous dis que je peux avoir une tête de fou... Les deux brothers s'écrasent, Jacky s'excuse, je lui dois juste 50 rps, il avait confondu les prix, les 200 étaient pour le musée mais nous n'y sommes pas allés, je ne lui dois pas 250 mais 50 (qu'il savait en ma possession). Ben voyons... Je lui file 100 en tout, pour ses bons et loyaux services, soit à peine 50 rps de bonus, alors qu'il aurait eu le triple sans problème, lui dit être très content de la journée et qu'il est "mon ami". On s'en sort tous dans un sourire de faux-cul et je repars à l'hôtel...
En terrasse, discussion brève avec 3 Frenchies sur le départ, puis une plus longue avec un couple de près-de-Toulonnais. Durant 2 mn, je jette un oeil sur le Routard qu'il me conseille, puis, décidé à ne pas utiliser de guide pour cette dernière étape, je reprends le blog.
Prévoir, c'est tricher ! Les Français me font perdre du temps, c'est sûr, je décide que cette conversation certes intéressante, dénature le TDM et qu'elle sera la dernière avec des compatriotes.
Promenade réflexive dans les rues. Le mode de vie et le fonctionnement des autochtones ne peuvent pas être les miens et je dois l'accepter. Certains sont des amis potentiels, d'autres pas. En Inde, un grand nombre de choses se résument à la force de l'apparence, il suffit de ne pas s'y fier et de montrer sa connaissance des codes. Cela en est parfois drôle, comme par exemple les noms des hotels qui sont tous des palaces (plusieurs "César Palace" croisés) ou la polyvalence professionnelle affichée de certaines boutiques, parfois proche du ridicule...
A posteriori, je regrette certaines de mes attitudes défensives, orientées par la volonté de ne pas me faire pigeonner. Delhi est loin et, dans cette ville d'artistes, l'honnêteté se manifeste souvent, derrière le jeu de dupes habituel d'engagement. Le peintre scié par le prix que je lui propose pour ses oeuvres illustre le propos : la miniature représentant les 3 grandes cités du Rajasthan, leurs caractères et leurs animaux emblématiques (Jaipur, la pink city et son éléphant ; Jasalmeir, la cité orange et son camel ; Jodhpur, la cité bleue et son cheval) vaut moins que 500 roupies mais plus que 50...
A 100 m de la résidence, le temple de Jagdeesh, le plus important de l'Inde dédié à Krishna, me tend ses hauts bas-reliefs et sa spiritualité, encadré par des chapelles satellites louant Ganesh (le dieu de la chance), Vichnou, Chiva... Depuis le début de la journée, j'ai changé de stratégie SORRI, reprenant les mêmes intentions, mais avec le sourire et l'acceptation que tout le monde n'est pas mauvais...
L'idée est bonne et salutaire. Malgré mon premier refus, un jeune type (guide en temps normal), me donne des explications sur le temple, son histoire et ses divinités. Déchaussé, je savoure la pose de l'Indou en méditation à recopier sans arrêt le même nom "Om".Retour à l'hôtel-cyber en attendant le bus. Utilisant leur électricité, je squatte à nouveau les lieux mais entretemps, j'ai sympathisé avec le patron vraiment cool. Sans mentir, j'adore cette ville, elle me rappelle Valparaiso (pas en Grèce...).
De la terrasse dominant la cité, des feux d'artifice et une prière retentissent sous fond d'un coucher de soleil magnifique. Nous sommes donc le jour des weddings (en Inde, il faut réserver la date et vérifier si le jour est ouvrable aux mariages...).
Sur un toit voisin, un singe apparaît (à gauche sur la photo).Alors que je maudis son espèce, il se dirige vers la Guest House et... me tend Yaaman. Incroyable, Yaaman était mort, il est ressuscité. Alleluyah, j'ai enfin un Dieu à vénérer moi aussi, le Yaaman-culte est né.
Décidément, j'adoooore cette ville et, paradoxalement, c'est celle où je reste le moins.
Caaalice, perdu dans mon blog en retard, je me suis planté d'une heure, il faut déguerpir pour le bus. Remerciements au patron et sa famille pour leur serviabilité. Alors qu'il en vient, le chauffeur de rickshaw fait semblant d'être bloqué par les mariages et demande une augmentation pour me déposer à l'heure.
Quel farceur et quels comédiens !!!
A l'arrivée, je lui dis l'avoir trouvé très drôle car il savait pour les embouteillages et ne prenait aucun risque sur l'horaire, aucun bus n'est à l'heure dans ce pays... Il sourit à son tour, 50 rps en poche.
Une heure plus tard, je savoure l'investissement de la couchette, la sleeping class (à 250 ps, Burno) va me permettre de récupérer avant de joinde Pushkar, la cité des lacs, prochaine étape... PS : histoire de vous rassurer, cher public de mon coeur, il me reste 5 jours à vous resumer, j’ai du boulot mais je ne les oublierai pas, meme si mon avion decolle demain, je continue à écrire et à profiter…

6 commentaires:

La Famille Kerkiki a dit…

euhhh zai pas tout compris avec yaahman... mais ça avait l'air bien !

N'oublie pas d'acheter des Waders et un poncho étanche voire une combi 8 millimétres et un Damart car ici c'est le déluge et ça pèle !

La bisss

kalamity2a a dit…

S à T Ô M I D'I J

YAAHMAN est de retouououourr
ALLELLUUUUUUUUUUUUYAAAAAAAAHHHH!!!!
j'avais écrasé une larmette à sa disparition, ouf !!
Joking monkey !!
it's a happy end :)
Big smaks from Corsica

Maryse S. a dit…

A cette heure (20h10) le 27 avril tu dois être à Paris. Espère que ton voyage de retour a été bon. Ne serai pas à la gare demain pour te souhaiter la bienvenue mais le coeur y sera.

Bisous et bon courage pour "l'atterrisage".

Maryse

Junglelove Titi a dit…

Maryse, ne t'inquiete pas, je suis encore a Delhi, mon decollage est dans 8h et l'arrivee sur Brest est le 29 a 11h20...
La bise, chere fidele !!

Anonyme a dit…

Ben c'est quoi ce sketch avec Yaman ??? ça n'arrive jamais dans la vie !!!
Peut être qu'en rentrant chez toi te retrouvera sagement posé sur une tablette ta casquette et ton calepin ;-))
Bon retour dans l'hémisphère nord.
Bises

jeumeuleu a dit…

Comme les autres j'ai pas bien compris pour Yaaman: tu l'as perdu bien plus loin que la guest house où il te l'a rendu non?
C'est fort intriguant!!!
Je soupçonne Yaaman d'avoir des dons de télépathe (ainsi qu'un gps intégré) et d'avoir ainsi contraint le singe à te le ramener!
Je viens seulement de saisir qu'en fait c'est Yaaman ta bonne étoile: bien fichu le scénario...
A mon retour à Brest il faut que je pense à reprendre le Yaaman-cendrier (frère de Yaaman)que j'avais à Rennes, il a peut être lui aussi des super pouvoirs du style transformer l'eau en vin ou retrouver mes clés de bagnolles!!