Nombre total de pages vues

vendredi 13 février 2009

Hooo Happy Days, hoo happy days...

11/02 – Hooo Happy Days, hoo happy days...
Yihaa ! Internet est presque accessible... Bienvenue sur Huahine, île sous sous le vent appartenant à l'Archipel de la Société. Ici, le calme est absolu, l'ambiance s'approche de Mazunte, avec plus de Français et pas encore trop de lune-de-miellés. Huahine, île encore très nature et sauvage, montagneuse et luxuriante m'offre son tiède lagon en souriant.Comme d'hab', l'arrivée fut folklorique. Une partie de mon organisation précipitée tenant à l'hospitalité potentielle d'une amie de Kristell et Anne, je ne m'étais pas inquiété pour un hébergement. En fait, je me suis décidé à acheter le billet très rapidement, après deux jours d'inactivité et la visite des bidonvilles de Papeete (seul endroit typique apprécié avec le musée de la perle), sans pouvoir prévenir Kristell de mes projets. Il fut donc assez ballot que mon amie infirmière (qui devait rentrer pour 15h et joindre son contact) soit restée faire des heures sup.
Prévoyant cette situation, j'avais envisagé de lui téléphoner de l'aéroport avant le décollage. Cabine à carte, poste fermée. Ha oui, on est en France...
Pour la énième fois, je me retrouve dans un avion sans savoir où je vais... Les fidèles du blog peuvent imaginer maintenant que ça me fait doucement rigoler. Assis à côté d'un indépendantiste polynésien impliqué dans la politique locale et visiblement intéressé par ma double nationalité (de sang et de destin), je mets à profit les ¾ d'heure de voyage pour lier connaissance. On ne sait jamais.
Parenthèse Constat : une fois de plus, je dois me défendre. En fait, j'avoue être de moins en moins étonné par la vision négative et colonialiste donnée aux Français, colportée par certains cloportes, parisiens, suffisants, méprisants et impolis. Enfant, j'avais déjà cette vision d'un envahisseur aux idées aussi bornées qu'arrêtées, je l'ai retrouvée en Corse et au Québec, mais assis de l'autre côté du miroir ! Jugé, dans un premier temps, en tant que « Français prétentieux » - genre « le colon dont les ancêtres vous ont apporté la civilisation », il a fallu, plusieurs fois, défendre ma peau de Breton ET Corse en démontrant que je n'avais pas cet état d'esprit de bof arriéré, celui qui ramène tout à SON confort, à SA ville, à SA vie.
Tous les Parisiens n'ont évidemment pas cette mentalité décadente, mais il reste saisissant de constater à quel point, et dans plusieurs pays, la connotation tricolore est synonyme d'arrogance et de condescendance. Amis voyageurs, sachez-le et préparez la casse : ces Français-là peuvent s'acheter de nouvelles oreilles, les trois dernières paires ont encore trop sifflé...
Bref, mon nouveau pote me dépanne de sa carte téléphonique mais doit partir le temps que Kristell appelle son contact... pas dispo. Ok. Le plan Tita bis. Cette fois je n'attends pas la tombée de la nuit et parle la bonne langue. Avisant une famille qui monte dans un pick-up, je les suis et me retrouve dans la pension Guynette à Fare, centre névralgique (long de 200 m) de Huahine.Pas trop cher et face à la mer. Il y a bien une douzaine de personnes en ville... Pas grave, je préfère solitude et dépaysement à ville et population stressée.
Curiosité locale, si en Europe, les hérissons traversent la route pour montrer qu'ils ont des tripes, à Fare, les crabes se livrent à ce jeu périlleux, au vu des flaques à pinces sur l'asphalte.
Quelques minutes après nous, une sexagénaire néerlandaise pas belle arrive avec sa fille encore moins. Signes particuliers, elles parlent anglais, s'installent dans le dortoir à côté de moi et puent la sueur à 20 m. Youpi.
De fait, je décolle rapidement pour manger (encore !) dans une roulotte voisine où sévit un vrai barbecue à charbon. Pendant mon excellent et copieux steak frites, débarque le type de Fréjus croisé auparavant sur le ponton avec les poissons qu'il a pêchés. Surprise de la maman cuistot et de ses deux enfants, première fois qu'un type demande de faire cuire son poisson avant de se résoudre à commander.
La suite est surprenante. Souhaitant assister à la conversation, je m'installe avec eux. Inévitablement, ça part dans tous les sens. Il vient acheter un terrain et s'installer en Polynésie ; elle cherche à savoir s'il est un « Français venu imposer sa loi », puis avisant ma présence, si l'un de nous est marié, nos âges, etc.
Au bout d'une heure, arrive la massive et communicative Chantal, cuisinière du seul resto de la ville. Au début, je me demande si elle ne me cherche pas un peu, posant plusieurs questions sur ma vie et mon voyage. Elle rassure l'autre frenchy fatigué : la très jolie Lisa qui le poursuit depuis deux jours n'est pas un Rae-Rae (un travelo polynésien version pute), ni un Mahu (type efféminé), très fréquents à Tahiti. Je comprends mieux l'impression d'androgynie permanente hier... De plus, Thomas m'a rappelé une règle élémentaire que Père appréciera : « quand elles sont belles, soit ce sont des hommes, soit elles ont 15 ans, même si elles font bien plus. Et à 15 ans, si c'est ferme, c'est 15 ans ferme ».
Suite au départ du pêcheur sudiste, truc de dingues, Chantal commence à se confier à moi devant son amie étonnée. Elle est lesbienne depuis 15 ans et a fui sa famille dont les oncles incestueux abusaient d'elle et de ses sœurs.Cette singulière discussion durera une ½ heure, c'est la première fois qu'elle en parle à un Popaa (métropolitain)... mais elle me trouve une bonne tête et à l'écoute...
Au retour, seul sur le ponton, à regarder nager dans la nuit, de turbulents poissons, je m'interroge. En tant que CPE, plusieurs jeunes m'ont confié des problèmes très personnels du même type, mais là... Pourquoi tous ces gens deviennent des amis et me confient des trucs pareils ?
Finalement, peut-être que ce voyage initiatique a pour but de me rendre séminariste, voire une mission : colporter un message universel sur la planète dont le sourire serait l'emblème. Ma touffe inénarrable et ma barbe renaissante contribuent à me conférer un côté Jésus. Cela expliquerait les différents coups du destin ces derniers jours...
Mes bien chers frères, bien chères sœurs, bienvenue dans le chœur internautique de la paroisse. En dépit des exhortations indécentes du dévoyé Frère Jean-Marc, ce journal extime va enfin prendre la tournure divine et vertueuse que LA voix (voie ?) lui indique. Ma conscience enfin éclairée va aller distiller la bonne parole aux brebis égarées que le Seigneur mettra sur ma route.
Alléluia.
Oui, Frère Xavier, je serai ce missionnaire (comme Frère Greg), dont tu me narrais la position au séminaire de Saint-Jacques...
Sur ces pieuses conceptions, je pars me coucher. La nuit sera rude, la mère néerlandaise ronfle comme un ours asthmatique en phase terminale (l'ours sentirait moins fort), les moustiques s'invitent à la table de mon corps, la chaleur est insupportable.
Autre surprise vraiment atypique, vers 3 am, trouvant excessivement bruyante l'autre voisine derrière le mur, j'ouvre les yeux et, juste avant un bond effrayé de trois mètres, découvre à 10 cm de ma tête, le Patrick Edlinger local : un crabe, genre grosse étrille, tend ses pinces sur mon oreiller !Bon, c'est pas tout, demain, ça va être galère je dois faire le tour de l'île en scooter et aller plonger. Je crains le ridicule : marcher sur l'eau, avec un masque et un tuba. Ça ne va pas être facile...

2 commentaires:

kalamity2a a dit…

He Bin....
Entre l'indépendantiste, l'ours asthmatique sur le déclin, les moustiques, les crabes, la chaleur,la gastro...Damned t'as pas le temps de t'ennuyer!!
Le Charmant Petit explorateur deviendrait-il Moustique?....
Heuuuu...Mystique??!!!
Les photos sont superbes, et tes cartes postales itou.
BIG BIZZOUX de CORSE

Lena a dit…

Tu ferais un super chef spirituel... Oui. le Guide...
pas mal, et puis rigolo alors...