Une autre planète... à tous les niveaux.

04/02 – Une autre planète... à tous les niveaux.
« Je stresse toujours pas mais ça démarre moyen quand même... » me perds-je-dans-mes-pensées, seul avec mes deux sacs, la nuit tombée devant l'aéroport...

A côté d'un colossal Italien, les heures de vol et de repos s'étaient avérées nécessaires à la récupération des 4 h de décalage horaire depuis Lima, de ma désillusion santiagaise et du manque de sommeil cumulé. Déplacé à deux reprises pour permettre à des amoureux béats de s'échanger des bactéries, je m'étais retrouvé près d'un hublot.
Bonne nouvelle pour la vue, Rapa Nui (« la grande lointaine » en maori), l'île la plus éloignée du reste du monde (regarde sur une carte) avait majestueusement émergé, verdoyante et vallonnée, mirage entre mer et nuages.Bondé, le 767 avait craché plusieurs centaines de faces souriantes. Et pour cause : hasard de mon itinéraire mondial, j'arrivai durant Tapati Rapa Nui, la fête nationale d'Isla de Pascua, qui attire beaucoup de touristes et dure une dizaine de jours.
Tout le monde à la sortie de l'aéroport, par 25°, avait eu le droit à son petit collier de fleurs, car elles sont éphémères et symboles de sympathie, signifiant la bienvenue. J'apprendrai par la suite qu'au moment de quitter Rapa Nui, des colliers de conchas (coquillages) sont distribués en souvenir éternel de la venue dans l'île. Tout le monde, donc, sauf un. Jungleloverémi...
A force de ne pas chercher à me compliquer la vie question hébergement, je n'avais pas insisté pour que Christelle, amie ajaccienne implantée à Tahiti aujourd'hui, me laisse les coordonnées de ses amis insulaires-de-Pâques. « Tita viendra te chercher à l'aéroport » pouvait être une info suffisante... Ou pas. Surtout si j'omets dans la réponse sur mon heure d'arrivée de préciser 9h... pm !
9.45 pm. Pas d'internet, pas de Tita, les nombreux touristes doivent à présent savourer une Cristal (bière chilienne) dans leur hôtel et moi, je suis dans un cadre magnifique et déserté à penser que ¾ d'heure d'attente, en pleine incertitude, c'est long. Imaginez un peu : plus de voiture, les dernières lumières du jours en déclin, je ne parle pas espagnol, ne sais pas où aller et les hôtels sont inondés de monde avec la fête... Que faire ?
Quelqu'un a oublié sa valise. C'est stupide mais ça m'arrange. En spanglish, je demande aux types venus la récupérer de me déposer au « Centro » ou à un point internet, seul moyen de savoir si Tita s'est autrement manifestée. Rien dans les mails. Bon... En Anglais, je prends conseil auprès d'un grand type qui le baragouine, « could you advise me an hotel barato ? ». Je lui explique la ballote situation. « Ok, I will help you, come in my house ».
Incroyable non ? Je dois avoir une bonne tête d'assisté. Alors que tout coûte horriblement cher ici, je n'ai payé ni taxi, ni hôtel, suis hébergé chez un authentique Rapa nui, Luis, qui m'a offert une chambre individuelle. En vrai, je ne suis pas complètement seul, j'ai d'énormes blattes comme copines. Ça va te plaire Jemeleu... Par politesse, je pars chercher des bières et des bananes, ..., il fait des pâtes à manger !
Une compil improvisée entre le couchsurfing et « j'irai dormir chez vous ». La « maison résidentielle » est en bric et broc, dépourvue de décorations, quelques tableaux, çà et là. Pendant une discussion, où je fais de mon mieux pour échanger avec sa grand-mère, Yolanda (qui me parle un mélange de Rapa nui, Anglais et Espagnol), et son frère (qui déballe le carton de victuailles envoyé par la maman de Santiago, c'est moins cher), Luis m'apprend que ce soir, c'est « Poco poco », la compétition pour élire la reine de la fête. Forcément, nous nous y rendons.Le sourire banané, je découvre, grisé, une autre planète. Au cœur de ce micro-village de 3000 habitants l'hiver (envahi cette semaine), il fait très chaud et tout est dépaysement, malgré la nuit. La fête bat son plein.

Curieusement, elle a un côté « Les bronzés » mais en authentique, avec couleurs chatoyantes, danses traditionnelles (sensuelles ou guerrières), musiques rythmées et typiques, corps superbes avantagés par des tenues paradisiaques, ..., devant un public de 4000 personnes et une lune complice qui se reflète dans l'océan. C'est magique.

Ayant égaré mon grand compadre (1m95), je reste flâner au milieu de ce flot humain hétérogène (touristes, locaux, danseurs,...), ambiance fin de Vieilles Charrues. Heu-reux.
De toute la préparation de mon parcours, seulement deux destinations aux dimensions un rien inégales étaient à mon sens non-négociables, l'Australie et l'Île de Pâques. Ce minuscule point dans l'océan (162 km²), riche d'une civilisation unique et quasi disparue, m'a toujours fasciné depuis gamin. Mystère et spécificité visuelle, les vestiges monolithiques Moaïs intriguent encore le monde. Il me reste à les rencontrer. Avec ou sans Tita, je ne suis certainement pas au bout de mes surprises sur cette île... PS1 : l'internet ne parait pas super facile d'accès et j'ai vraiment envie d'en profiter, donc je serai peut-être moins prolixe…
PS2 : JM, désolé, je viens de lire ta prose érectile et quoi qu'il arrive, je n'envisage pas la publication de littérature qui pourrait t'assommer le menton...