Nombre total de pages vues

dimanche 15 février 2009

Je hais l'homme blanc...

13/02 – Je hais l'homme blanc...
Ne disposant que de 45 mn pour rédiger texte, charger photos et poster l'ensemble de Huahine la dernière fois, j'ai omis de préciser que mes compagnons de pension avaient un point particulier en commun : l'adoption. Éric et sa femme ont un enfant d'origine polynésienne ; Patrick et Karinne avaient, à la base, organisé le déplacement à cette intention, puis s'étaient ravisés tant, même à Tahiti, aujourd'hui, les démarches sont longues et incertaines. Observateur, l'ami breton avait repéré dans l'avion plusieurs couples vraisemblablement dans cette quête.
Laurence et Olivier, les deux Thénardiers faussement amicaux de la pension, me facturent le trajet de l'aéroport... et oublient mon petit déj d'hier (celui de ce matin est consistant, j'achève mes « pâtes-steack haché-parmesan » ) ; ben, moi, j'omets de le leur rappeler et laisse involontairement, dans le frigo collectif, une bouteille d'eau et une canette de bière. Bouh !!! Je ne mérite plus mon statut de Breton, je sais.
Ni celui de missionnaire envisagé deux jours auparavant. Car depuis, je me suis intéressé à l'histoire de Tahiti et, acquérant des connaissances sur les différents pays visités, je hais de plus en plus l'homme blanc et sa prétendue civilisation...Petit condensé d'Histoire à travers un junglelovetitiblog subjectif qui vous intéressera. Ou pas.
Parmi les explorateurs célèbres les plus connus de l'archipel polynésien, Bougainville (resté 9 jours en avril 1768) et le Capitaine Cook (3 mois en 1769) ont contribué à alimenter à leur époque, chacun à sa manière, le mythe du « bon sauvage », cher à Rousseau et ses potes éclairés à la chandelle du siècle des lumières.
Comprenez une société où plusieurs individus se sont âprement intéressés au reste du monde, mais, selon les cas, à travers le prisme de leur ethnocentrisme et/ou leur profit personnel (culturel, économique, religieux,...). Enfin, c'est mon opinion de « candide » : les explorateurs survoltés du XVIIIème ont fourni l'électricité indispensable à ces lumières avides de brillance (Mme Casanova, philosophe, ne partagera pas forcément cet avis réducteur). Je vous mets au courant ? Ho, ho...
Pour les puissances économiques et intellectuelles européennes, étendre géographiquement leur pouvoir et trouver des cultures « primitives » participaient de leur construction personnelle, leur assoyaient une ascendance nécessaire... On ne se sent fort que lorsqu'on croit connaître plus faible.Cela dit, je me plais à arriver sur ces îles et y chercher des endroits dépourvus de signes de civilisation en imaginant l'étonnement de ces explorateurs...
Le lyrique Bougainville ramène des îles une vision paradisiaque ; le pragmatique Cook, entouré d'artistes et de scientifiques, accomplit un travail plus ethnographique, rapportant illustrations et descriptions détaillées de la société traditionnelle et des coutumes polynésiennes (notamment les fameuses pirogues, les 4x4 des mers, qui ont permis de peupler le Pacifique).
Climat d'une grande douceur, vahinés dénudées à la sexualité libre se livrant à « des danses impudiques accompagnées de chants indécents », les îles deviennent le nouvel Eden pour la civilisation coincée-du-cul judéo-chrétienne, ce qui provoque le déclin rapide de la Polynésie.En quelques années, les marins transforment la liberté de mœurs en prostitution (échange de sexe contre des clous utilisés pour fabriquer des hameçons). Ensuite, Cook est assassiné par des Hawaïens ; un Français (Marion Dufresne) est consommé en brochettes par des Maoris et La Pérouse disparaît mystérieusement en 1788...
Le petit blanc a les jetons et inverse l'image du bon sauvage : les indigènes deviennent d'incontrôlables et dangereux anthropophages tatoués ; les vahinés, des tentatrices aux mœurs dissolues, dans toutes les descriptions du XIXème. Cela sera relayé jusqu'à la moitié du XXème (cf « Les Révoltés du Bounty »). Ainsi, l'Europe peut « civiliser » les cannibales et les putes, en envoyant des missionnaires et des colons armés, cautionnés par le peuple pour "pacifier" le paradis, c'est-à-dire massacrer tout le monde...Ces abrutis de missionnaires (dont je ne peux, de fait, faire partie) interdisent les tatouages, les parures de fleurs dans les cheveux et les relations hors mariage, puis ils imposent vêtements et respect du silence le dimanche. Tout ça pour s'envoyer des enfants de chœur dans le presbytère, bon esprit...
De leur côté, les baleiniers, peu scrupuleux et fracassés par des mois en mer, font relâche l'hiver à Tahiti, introduisant alcool, maladies et encourageant la prostitution. Non immunisée, l'ethnie polynésienne voit sa population décroître et manque de disparaître...
Que reste-t-il aujourd'hui de ces indigènes ?
Rien.
Il n'y aurait plus un seul polynésien de souche. Tous seraient physiquement issus de croisements divers et, culturellement, très attentifs à la « civilisation US » (4x4, Coca,...). Les Tahitiens sont donc en majorité énormes et obèses, se détruisent à l'alcool le week-end et, parfois, s'entretuent à mains nues (certains sont si colossaux que les flics n'osent pas intervenir quand ils sont souls), quant aux vahinés, vous avez vu les photos... On est loin des petites danseuses (dont je ne connais même pas le nom, en fait) de Richard Beauregard, le french productor préféré de Moman. Vive l'homme blanc, je vous dis...Bref, sur ces phases aussi historiques que méditatives, j'atterris par 35° à Bora Bora (prononcez Bora, c'est plus court et comme tout le monde) dont vous avez commencé à voir les photos.
D'entrée, je me remémore un conseil du guide : « évitez le piège de l'adoration béate comme celui du rejet cynique ». C'est pas faux. Si l'image de la carte postale, coup de pub mensonger, m'a été moultes fois avancée, à l'arrivée, dame nature me balance une bonne claque de couleurs dans ma tronche de sceptique : avec toute sa prétention, l'Homme n'est pas capable de créer un tableau pareil sur des dizaines de km.
C'est magnifique et déchire la race de sa mère. Au cœur de notre civilisation de l'image, la vue reste le sens le plus développé et, dans ce Las Vegas naturel, le turquoise accroche avec indécence le regard et éclabousse le cerveau de sa quiétude.
Plus bleu que bleu, encore.
Dès la sortie de l'aéroport, situé sur un motu, nous prenons une navette- catamaran pour rallier la capitale Vaipate. Déjà, c'est pas Roissy et l'Orlyval.Ensuite, on devine ce que l'on va demander au Père Noël : un lagon. Enfin, on renonce à la problématique de l'artificiel : c'est vraiment beau et, en plus, désert... Si, si, les pensions et les hôtels sont vides, malgré la Saint Valentin.
La requête auprès de l'unique couchsurfer local fut couronnée de rien. Par conséquent, je monte dans le minibus de 6 places pour la pointe Matira, conseillée par le lonely planet, et y retrouve le couple qui avait visité la ferme perlière avec moi, hier, à Huahine, ainsi que mes jeunes voisins dans l'avion. Sans avoir vraiment échangé auparavant, nous sympathisons... et nous faisons bien. Cherchant à louer dans un premier de temps un bateau ou une voiture pour faire le tour de l'île, nous nous promenons finalement ensemble. Bora est vide, il n'y a aucune activité à envisager. Yaaman faisant ma valentine, le long des dépeuplés Sofitel, Novotel,..., c'est-à-dire, les chaînes d'hôtel aux bungalows idylliques. Tout est désert... Malgré les 7550 CFP de chambre-la-moins-dispendieuse chez Robert et Tina, je ne regrette pas ma venue. Voici mon chez-moi-du-jour avec vue sur le lagon dont la plage est effectivement artificielle (des morceaux de lino -pour tenir le sable- dépassent).Après une baignade et un passage devant le décédé Club Med, nous prenons l'étrange escalier des catacombes (il s'enfouit sous la terre) dans le sens montant et nous retrouvons sur un belvédère qui domine toute la région, sa mer et son lagon. Franchement, ça le fait, le Yaaman captivé tourne même le dos à l'objectif.
Seul regret, laisser tomber l'île de Maupiti (et le vomiti express), la petite perle authentique voisine de 10 km², faute de temps et d'argent. Le titithon ! Le titithon !...
Devenus potes, nous connaissons enfin nos prénoms : Bruno et Martine, 38 ans, 3 enfants, mariés à Las Vegas, viennent de Saint-Malo et consomment, presque obligés, les miles cumulés d'Air France. Nicolas et Cécile, 32 ans, vivent près de Lyon et ont réservé le billet un an auparavant. Ils restent passer la Saint Valentin à Bora. Quant à moi, Richard B., je vis à Paris, produis des... Meuh non, je déconne. Tu veux ma carte ?
Après une journée plutôt agréable (seulement meublée par quelques promenades, trempettes et couchers de soleil), beaucoup de photos mythiques du coin paradisiaque le plus célèbre de la planète, notre bonne équipe se retrouve autour d'une bonne table. Tant qu'à faire, nous avons regroupé nos moyens pour nous cuisiner un petit festin gastronomique (surtout Nicolas). Puis le Jungle Speed fera oublier que nous créchons à 10 m d'un des lagons les plus beaux du monde...Demain, retour à Papeete, ses infirmières et leurs piscines...
Autant le Paradis du ciel est aussi dépeuplé...

7 commentaires:

Michèle a dit…

Tu vois après tout ce que tu as appris sur cette triste colonisation, c'est pas si mal une ile,peut-être artificielle mais peu peuplée de touristes !
je sais pourquoi Bora me tente !
Quand tu verras les photos de soso et antoine tu retrouveras ces superbes couleurs et là non plus pas cette impression de foule comme on pourrait s'y attendre.
mais Bora est encore bien plus loin et plus cher, donc a moins d'être blindé, pas facile d'y aller ...quelle chance tu as !
superbes photos que j'adorerais faire un jour !
Papeete va te sembler très banal après ce beau détour.
Gros gros bisous
Marraine

Mamanpapounet a dit…

Bon, ces réflexions philosophiques faites, fais le tri et concentre-toi sur ces paysages magnifiques et les gens sympas que tu as rencontrés. Ce n'est pas une surprise, Papeete est bien présenté comme un faux paradis dès qu'on creuse un peu, c'est quand même surement décevant, vive Porspoder ! quoique....
Les Sudreau<, que l'on a vus hier soir pour les 60 ans de Jean Pierre, pensent que Nouméa te plaiera beaucoup plus, ils peuvent même te conseiller certains sites en dehors des chemins battus si tu es intéressé.
Pourquoi le "site"photos" affiche-t-il toujours (et depuis un bon moment) :site bloqué??
On part pour Gisors samedi(météo permettant, ce matin tout est encore gelé) pour l'anniversaire de JM et FRançois (avec un peu d'avance).
Bisous, Maman

bianca a dit…

Des moustiques, des crabes mangeurs d'oreillers, des chiens gourmands de mollets Breton/Corse.....Bien fait!!! j'ai raté ton sondage, mais j'ai adoré les commentaires de mamanpapounet!!!
Toujours de très jolies photos et la même envie de te lire
Profite bien car à ton retour au Lycée je...
Bisous de l'île à la mer indigo qui a un soleil qui ne réchauffe pas.

Soso a dit…

Comme ça fait du bien de revoir de si beaux paysayges. Maman a raison, les couleurs rappellent vraiment celles des Maldives, et le fait qu'il n'y ait personne non plus, est encore une caractéristique commune à ces petits paradis sur terre. Je vois que ta reconvertion en prof d'histoire est en bonne voie, tu pourras postules dès ton retour! L'homme blanc est décevant, c'est clair, et les reproches sont bien toujours présents dans l'esprit de ces peuples colonisés et exploités par des hommes avides de découvertes mais bien peu soucieux de l'être humain. Heureusement pour toi, tu es tombé sur des hommes blancs bien sympathiques depuis le 1er jour de ton tour du monde, et c'est ça que tu dois retenir. Continue de nous "culturer" comme dirait l'autre. C'est bon de te lire. Gros bisous tout fort.

jeumeuleu a dit…

Salut Richard!
Tu penses décidément trop et ça te fais passer à côté de choses essentelles: oublier la bière dans le frigo non mais quel âne!!! Bon je sais que la hinaho n'est pas top mais quand même...
Quant au passage historique je retiens bien entendu la bétise des marins: pourquoi donner des clous alors que c'est gratuit?
La Pérouse? Ah Jef de Galaup!!! Le gars qui a fait ses études et été initié à la Franc-maçonnerie à Brest? ok...
Marion Dufresne: un malouin pas malin (fallait pas couper des kaoris...),
Cook: on s'en fout c'est un rosbeef!!!
Voilà avec tes conneries j'ai encore passé mon temps sur wikipédia au lieu d'étudier!!!
Ciao
Message à Yaaman: ne tournes pas le dos à Titi, il vient de dire que t'étais sa valentine...

kalamity2a a dit…

S à T Ô M I d'I J
Ta déception de l'homme blanc est grande, et ça se comprend.
Mais où qu'on aille dans le monde, il y aura toujours des gens qui défendront leur terre et d'autres qui essayeront de la leur voler.
Les paysages sont féériques! C'est un régal!C'est sûr, après Pâques, j'irai à Bora!
Heu...avant j'organiserai un Kalamitython, sacrebleu!
Que de gens super tu as connu! Et quel mec super itou, ils ont connu!...et c'est pas fini!!!
BIG BIZZOUX d'AJACCIO (où on se gèle encore!! damned! pas possible! avec la dérive des continents, on ne nous dit pas tout... On doit se rapprocher du pôle nord!!)

Anik a dit…

t'es certain d'avoir envie d'aller en Australie? Ce matin dans le télégramme: "Australie: 2 bretons aident un surfeur attaqué par un requin". Non seulement sur terre y'a des incendies mais dans l'eau, y'a des requins! est-ce bien raisonnable tout ça???