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samedi 28 février 2009

25-26/02 : A Ouvéa,le pouce, ça marche... quand il y a des voitures !

25-26/02 : A Ouvéa, le pouce, ça marche... quand il y a des voitures !
« Le dispensaire est juste à côté de l'aéroport, passe voir Julie de ma part », m'avait suggéré Thomas. Je vais comprendre (et subir) la relativité de « juste » et des évaluations insulaires durant la journée...
Du point de vue historique, tout le monde connaît plus ou moins Ouvéa, c'est ici qu'après avoir pris en otages et exécuté des gendarmes, suite aux « événements » démarrés en 1984 pour obtenir l'indépendance de la Nouvelle Calédonie, que 19 membres du FLNKS furent abattus par le GIGN français dans une grotte du Nord (véritable sanctuaire, non accessible).
L'Histoire s'efface devant les éclats de couleurs.
Le panorama, panaché de bleu, blanc, vert et turquoise éclabousse l'iris : long de 55 km pour, au plus, 6 de large, cet atoll (volcan entouré d'un récif corallien dont le centre a disparu) s'impose en vrai paradis sauvage. J'insiste sur le « vrai ». Rien à voir avec l'arrangement humain de Bora Bora.
Si tu tiens vraiment à passer un moment dans un paysage de carte postale en trempant dans un lagon à 30° totalement désert, tu viens à Ouvéa. En couple, ça doit être au top (snif). Voilà. Dans ce décor de cinéma, tu te sens comme dans un désert. En plus seul.
Je le découvre au fil de la journée et mes jambes s'en souviendront longtemps...
9.30, première étape, à 2 km de l'aéroport, le dispensaire, où est censée vivre Julie, seule couchsurfeuse de l'île, infirmière et copine de Thomas de Tahiti. Elle ne m'a pas répondu mais on ne sait jamais... Il est intéressant au passage de constater les conditions de travail du corps médical dans ce type d'endroit.
« La jolie Julie, ? Elle est au téléphone, elle arrive », me répond dans un large sourire une agréable et jeune nurse. Se pointe une blonde aux yeux verts avenante. « Salut, je m'appele Thierry, je suis un ami de Thomas de Tahiti, il m'a dit de te transmettre le bonjour et je t'ai écrit sur le site de Couchsurfing, il y a quelques jours ! » ose-je. « Désolé, je ne connais pas ce site, ni de Thomas », me déboute-t-elle aimablement. En fait, le prénom Julie a dû être très tendance après « l'île aux enfants », elles sont 3 métro au dispensaire, mais la Julie que je cherchais est partie depuis 4 mois...
Au cas où, j'explique ma situation mais ne me fais pas « inviter » malgré des grands sourires. « J'irai PAS dormir chez vous », sans caméra. Pas grave, le camping près du centre de plongée était mon projet initial. Je reprends la route, impressionné par un géant kanak avec une tête de fou et une machette, occupé à débrousser la route. « Bonjououououour !!! », lui-déclare-je d'amour poliment. Mouais, en d'autres temps, j'aurais déguerpi en courant...Situé en plein centre de l'île, l'aéroport est à « seulement » à 5 km de la « route du Lagon ». Fais-les à pied en plein soleil... Argh ! Heureusement, le pouce fonctionne.
Premier essai, à l'arrière d'un pick-up, puis, route du Lagon, un gentil petit vieux et deux grands-mères appartenant à une tribu du nord m'embarque à l'autre bout de l'atoll et, finalement, me dépose à destination, au « Trou des tortues », deuxième étape suggérée. Sur le trajet, je réalise d'une part la taille conséquente de ce joli caillou, d'autre part, que j'aurais dû demander à David le nom de son ami, membre d'une tribu et susceptible de m'héberger, bien qu'il n'ait pas réussi à le joindre.
A Ouvéa, il y a les tribus « du Nord » et celles « du Sud ». Les autochtones n'annoncent pas leur tribus d'appartenance et restent très vagues quand on leur en parle d'où la différence de relativité. « ... Et vous êtes nombreux dans la tribu ? - Ho, oui. A peu près une bonne dizaine. - Ha oui... Il y a beaucoup d'habitants sur l'île ? - Hola plein, nous sommes au moins 2000. » « ... c'est loin Mouli (40 km) ? - Nooon, c'est pas à côté... ». La baffe de l'ethnocentrisme me claque les cuisses fatiguées, nous n'avons pas les mêmes valeurs...
Au bout d'un chemin de terre désert, le « trou des tortues » - mes copines préférées pour les fidèles du blog, est typique, assez impressionnant et désert.Le sympathique panneau d'accueil donne pourtant très envie... quand tu pratiques le SM. Aucune tortue SM dans la région, apparemment.
Avec prudence, ma seule amie, j'essaye d'en faire le tour. Même constat qu'hier à l'ïle des Pins : c'est abrupt et limite, question sécurité, si tu glisses, te blesses ou autre chose, il se passera quelques mois avant de retrouver ton cadavre ridicule... Au cours de la journée, cette réjouissante idée reviendra souvent.
Aucune voiture pour me poser route du Lagon, ni après. La marche s'impose donc avec mon sac de 8 kg pendant environ 6 km. Un autre pick-up passe. Niveau « pouce », les gens sont aussi rares que cools et s'arrêtent presque tout le temps. Un gentil pêcheur m'invite à l'arrière de son véhicule et me donne un fruit et une bouteille d'eau pour m'aider à poursuivre. Ben oui, j'ai rien pu acheter, pas vu un commerce depuis mon arrivée. Re-marche.Troisième chauffeur, troisième tribu. Plutôt sympa, le jeune Starky (sans s, ni Hutch), m'achète un jus de fruits frais, me parle de la pénurie d'essence, des 90% de chômage à Ouvéa, de son désir de monter un projet de bungalows, ... On sympathise. Vu qu'il en a le profil, je lui parle du CS et du tour du monde tendant la perche de l'hospitalité. Il me propose de lui louer sa tente et son vélo...
En fait, les insulaires agissent tous ainsi : ils m'aident volontiers mais ne feront pas 300 m de plus pour me déposer, sympathisent facilement mais, à un certain stade, présentent une facture, s'intéressent aux touristes mais pas plus que ça (l'hôtel Ouvéa Paradise s'en occupe). De plus, c'est la basse saison. Tout ou presque est fermé...
Après avoir pris son phone pour la tente, Starky me dépose devant la Poste à Faayouéa, le centre névralgique municipal de 300 m, où l'on trouve LA banque, LA pharmacie, LE supermarché (un comptoir), une des 7 cabines téléphoniques de l'île... et Le Range Rover de Valérie, responsable de l'unique centre de plongée, qui y est garé. Me confirmant que je peux plonger demain, elle me propose un hébergement au camping (clos) dans le débarras près des sanitaires. Principal problème, les milliers de moustiques, sachant que la Dengue est très présente sur l'île. Hésitation de ma part, mais pour être à 7.15 am demain au centre, je n'ai pas le choix, le moindre hôtel est à 4 km... Je pense négocier avec Starky.Après un bain dans l'eau turquoise presque trop chaude et une barquette naine poisson-riz au snack « Fasy » de l'autre côté du pont de Mouly, je savoure le décor... Les photos parleront mieux que moi, c'est impressionnant.
Summum atteint en suivant un chemin non fréquenté et aboutissant sur la plage déserte sur des dizaines de km. Rien à droite, rien à gauche, je tourne, amusé, des vidéos censurées... Facile de s'imaginer en robinson, seul au monde...Ensuite, je laisse le hasard guider les pas de ... mon chemin. Persévérant pour des raisons encore mystérieuses à vouloir contempler les falaises de la façade Est de l'île, je m'égare dans la jungle sur un sentier, bien « marqué » au sol. Sauf sur 7-8 mètres. Youpi, j'atteins la falaise aux roches acérées. Rien de transcendant. Hop, une photo et demi-tour. Évidemment, je ne retrouve pas dans cette jungle épaisse et ses araignées énormes, le sentier de base. Il est 4.40, le soleil se couche dans 2h... Pas le choix, je longe la falaise sur des km, suintant ma race et maugréant contre mon instinct.« C'est malin, si tu glisses.... gnin gnin... cadavre ». Et croyez-moi, ça glisse. 1h30, plus tard, je me vois passer la nuit dans ces rochers inhospitaliers ou avec des araignées... Non ! Un sentier apparaît. Pffffiou, j'ai pris cher et suis ravi de retrouver la maudite « route du lagon ». Pas de cabine tél, je me résous à dormir au camping. Roberto, le plongeur et mari de Valérie me prend en stop, mais, malgré une compassion affichée, me laisse dormir dans le débarras.
A 8.30 pm au paradis, je me retrouve seul dans une pièce emplie de moustiques à attendre le lendemain.Idée intelligente. Voyant les restes non rangés d'une vieille tente igloo (non pas un gay inuit), je la monte à l'intérieur du local, y balance un matelas pourri (que je recouvre de mon T-shirt et de ma serviette). La nuit s'installe, angoissante. La porte du local ne ferme pas, le camping est isolé de tout, les kanaks d'Ouvéa sont réputés pour se prendre des cuites et devenir zarbi, des bruits bizarres se manifestent, le matelas pue, un margouillat pousse des cris, la chaleur est impressionnante, une pluie diluvienne se met à tomber... Bref, je tape l'hier dans des conditions particulières...
King-Kong peut te casser en deux, un requin blanc t'amputer d'un bras, un T-rex de ta tête, ces grosses bébètes ne m'effraient plus. Le vrai danger est ailleurs, comme l'écrivait Werber. Capables de te filer la Dengue, le Palud, le Chikungunya,... , les insectes sont les plus dangereux. Là, je m'en moque, m'imaginant avec amusement les 12654 moustiques, bruyants et affamés, me tourner autour, les yeux exorbités d'envie, comme on regarde la vitrine d’une boucherie, je tente de somnoler au creux de ma moustiquaire géante.Le lendemain sera plus court à rédiger. Départ pour une plongée dans la passe du Styx avec Marino (le mono kanak rigolo), Valérie (la parisienne agaçante qui nous prend pour des demeurés et m'explique très intelligemment qu'elle ne peut pas blairer les Bretons), Roberto (mio palmo) et Bernard, qui s'entend bien avec Valérie (ça donne une idée des discussions).
Sous l'eau, le récif corallien est somptueux et coloré. Nous croisons de près une tortue, des barracudas, un hippocampe tigré, des requins gris, dormeurs et pointes blanches et, d’un peu moins près, un thon aux dents de chien et un napoléon (pas corse). Pas de raie manta, ni de ray ban.L'avion décollant à 3.30 pm, le stop pouvant être long, je pars rapidement et arrive, finalement, assez vite à l'aéroport. On monte dans l'avion (un exemplaire de Air Tahiti-Maururu) et, de nouveau, problème technique. Je m'endors dans l'aéroport par terre en attendant le technicien (qui est envoyé de Nouméa...), puis fais un foin pour récupérer mon sac dans la soute, sentant le truc venir...
Malgré le courroux provoqué par ce retard et la croix à faire sur les activités envisagées à Nouméa, le temps passe agréablement, j'ai mon nouveau pote de l'aéroport, Wakoïo, 8 ans. Je profite de cette occasion particulière pour lui proposer de mater, avec son regard de gosse en voisin, le Roi Lion que, depuis la mise en scène de Disney, je voulais revoir.On ne décolle pas avant 8.20... et tout le monde a visiblement l'habitude...
Conclusion, prévoir de la marge entre tes vols, si tu viens en vacances en Nouvelle Calédonie et avis mitigé sur Ouvéa.
Pierre en vrac, pour un problème de scoliose passe me chercher, resto, préparation de sacs, décollage pour les kangourous dans 4h.
Destination prioritaire, l’Australie, ses crocodiles, son bush, ses requins, l’Ayers Rock et ses koalas, se profile. Je n'ai que l'adresse de Marion que je ne connais pas, ça se présente bien...


7 commentaires:

Mamanpapounet a dit…

Bizarement, ton aventure ouvéenne (?)m'a rappelé une certaine excursion qui s'est terminée par une nuit dans la "jungle" aux Seychelles!IL y avait aussi des bruits étranges et d'ENORMES araignées, mais je te rassure: c'est un des souvenirs qui a fait le plus marré les autres et nous aussi, mais bien après. Tu dois maintenant être arrivé en Australie et ma grande compétence en géographie me susurre qu'il vaut sans doute mieux éviter de le faire à pied! J'espère que tu y retrouveras des gens sympas, sinon, tu rentres: il y a un fête ici le 12/13 Avril !! Gros bisous ,Maman

Michèle a dit…

coucou !
en lisant le CR je comprends bien ton avis mitigé sur Nouméa : paysages de rêve mais pas de vrais contacts sympa; c'est quand même plein les yeux dis donc : superbes photos !
J'ai très hâte d'avoir des news d'Australie (où tu auras très chaud d'après la météo ! Tu ne vas pas vers Melbourne je crois et c'est une chance car les incendies sont !
Bon j'attends LA photo du 1er Skippy ...
Gros bisous
Marraine

Lena a dit…

Bonjour Papa,
j'ai beaucoup rit. Je dois peut être m'inquiéter, le mot cadavre provoque des fous rires très douteux en moi...
J'espère que tu ne brûleras pas, que tu ne te feras pas croquer (ou piquer) mortellement, et que tu ne te noieras pas, ceci dit...
Eclate toi, ça donne envie, pas forcément les eaux turquoises, mais les matelas qui puent, la possibilité de noyer une parisienne... tout ça

:D
Gros bisous

Anonyme a dit…

Salut Thierry,
Je preferais quand tu etais accompagne. Je serais ta mere, je serais malade de te savoir seul.
Bisous.
Chuintante

Anonyme a dit…

Vivement l'Australie et Skippy. Il y avait pas une histoire avec Skippy ? Je ne m'en souviens plus.
Je crois savoir qu'il fut un temps ou il y avait un bar avec des bunnys à Sydney, JJ pourra peut être te donner des indications pour aller vérifier si ça existe encore.
Bises

kalamity2a a dit…

S à T Ô M I d'I J
Que de merveilles encore!
Je te souhaite de visiter une autre fois,en couple,ce panorama idyllique d'Ouvéa!
Maintenant en route pour d'autres aventures! C'est Thierry Dundee qui arrive! Pauvre Crocodile... Tu vas lui voler la vedette!
Là tu pourras faire du kangourou-stop, non??
1000 bizoux d'AJACCIO

Anonyme a dit…

Coucou Titi! C Yoann et Céline (amis ligériens (càd du 44)des frères Le Gall).
Que de chemin parcouru en deux mois, et de rencontres, et de photos toutes plus belles les unes que les autres. Figure toi que pendant que tu étais à Tahiti à vivre des moments inoubliables, nous aussi on a vécu des instants magiques: notre petit Timéo nous a rejoint le jeudi 19 février. C'est un beau bébé qui fait 51 cm et il nous comble de bonheur. Il n'y a pas assez de superlatifs pour raconter cet événement donc le plus simple sera de se revoir à ton retour sur le vieux continent. Je peux te lancer un défi: Timéo signifie "petit chat" en vietenamien. Tu ne dois pas être à un détour près et ton défi est donc de ramener une petite statuette vietnamienne d'un petit chat pour notre petit garçon. En tout cas on a bp de plaisir à suivre ton périple. T'auras assez de contenu pour éditer ton livre "la découverte intérieure d'un breton voyageur", et ta prose est bien agréable (grâce aussi à l'humour Le Gallien). Porte toi bien! Bon séjour en Australie!
Aplitao. Yoyo, Cécé et Timéo