Rrou rrou !!

Dans ma ptite vie touristique, j'ai déjà eu l'occasion d'être marqué par des endroits singuliers. Torticolisé par les buildings new yorkais, écologisé par le Machu Picchu, pilsenisé par la beauté de Prague, enfumé par Amsterdam et, plus récemment, j'ai fait le pont sur le Golden Gate... Mais, il n'y a pas à dire, Las Vegas, ça envoie la race de sa mère. Grave. Boudiou.
Évidemment, les yeux éclaboussés de dollars, le superficiel a de l'allure, il ne faudrait surtout pas vivre ici. D'ailleurs, Amanda, travailleuse dans le social et l'éducation des jeunes, vivant un peu à l'écart du Las Vegas Boulevard et n'appréciant pas le jeu, répugne à s'y rendre. Je la comprends mais, moi, je visite et j'ai les mirettes ensorcelées. De surcroît, elle m'explique qu'un de ces colocataires « gambled » et qu'il a gagné assez pour arrêter de bosser et partir faire un tour au Mexique.
Après un non petit-déj, je commence par chercher de quoi manger et un cyber pour rappeler à notre petite communauté internautique qu'I am alive. Ceci effectué sans facilité, je me laisse engloutir par ce lieu où la vie est plus chère...
Tout est démesure, on pourrait caser un centre Leclerc dans la partie « Casino » de chaque Palace et il y en a une quarantaine. Je m'étais préparé à un choc visuel, à une succession d'artifices destinés à faire fuir mon porte-monnaie en courant et bien cela va au-delà de mon imagination ; pourtant, je ne suis pas le dernier à en avoir. J'ai essayé de tous les visiter, aujourd'hui, amputé de mes 27kg d'encombrement. Finalement, j'étais déjà sur le cul hier (d'où une progression difficile) mais je n'avais vu que les halls d'entrée...
En pénétrant plus au fond (tss tss), chaque palace propose ses galeries de magasins luxueux, ses shows, ses restaurants, ses bars... Colossal ! Je m'arrête à des tables de jeux. Rien que là, il me faudrait une formation complémentaire, même pour les jeux que je connais : les codes, les tics, les règles affluent et le minable french profane baragouine des « No, no, sorry, I don't play ». Black jack, poker, craps, roulette, roue de la fortune, Saigon Poker... Jamais vu autant de jeux différents. L'imagination humaine est sans limite pour inventer des trucs bizarres.
Parfois le croupier est une sacrée croupière aux formes exp(l)osées et totalement indécentes. Je comprends mieux le mot croupière... A la fois, le montant d'une participation n'est pas excessif mais cumulées, celles ci dépassent l'entendement. Je pense que Las Vegas gagne quotidiennement le PIB annuel de l'Inde...
De temps en temps, je me laisse aller à craquer quelques dollars. Les "miens" sont avalés sans autre forme de procès ; en revanche, les 36 dollars de Grand-Mère (enfin, 31, le billet de 5 qu'elle m'a donné n'existe plus) win.
Raflant à deux reprises 60 fois la mise d'une machine qui m'appelait avec ses ptites lumières, l'image forte de Grand-mère en tête, je joue comme un robot pendant une heure au Caesars Palace. A terme, j'en ressors avec 16 dollars, soit 4 de moins, l'impression que toutes les machines m'appellent désormais (quel drôle de nom), un mal de crâne incompressible et contemplant mes dernières plumes s'envoler.
Et oui, forcément, tu commences à jouer à 25 cents, puis tu essayes 1 dollar quand tu gagnes ta misère. Je réessaierai avec des billets de 5 dollars ailleurs mais sans succès. Grand-Mère, tu es où ??? En plus, c'est bien fichu, tu te fais avaler ton billet et, si tu gagnes, tu reçois juste un ticket valable 4 mois pour continuer à jouer, uniquement dans le casino en question. Alors, évidemment, lorsque tu as des sommes dérisoires, tu ne vas pas réclamer tes 3 dollars et 25 cents, tu rejoues. Bref, Rrrouuu rrrouuu...
A terme et avec, en mémoire, des souvenirs du casino nain d'Ajaccio (où j'ai gagné à chaque fois en jouant 20 euros que je sacrifiais, stockant suffisamment d'argent à cette époque du fonctionnaire triomphant...), je finis pas céder à cette tentation suprême de dépenser paradoxalement des dollars que je n'ai pas vraiment, quitte à rentrer à pied pour faire des économies.
N'exagérons pas non plus, je me cantonne à jouer 1 dollar dans des machines à un cent. Problème, après j'hésite sur toute dépense cohérente : manger, aller voir un show, etc. Finalement, je continue mon tour des palaces, chacun ayant ses singularités et ils ne trichent pas question moyens...
Le top fut Venise. Je connais la ville pour l'avoir visitée 4 fois, c'est incroyable. On s'y croit complètement mais... en plus propre. Ils sont allés jusqu'à recréer le Grand Canal (tour en gondole compris), le Palais des Doges et la Place San Marco à l'intérieur du casino... On m'avait parlé de répliques en plus petit, et bien c'est pas du 1/100ème, que ce soit la pyramide de Luxor, la Tour Eiffel ou le Palazzio, je ne les referai pas en allumettes leurs miniatures...
Petite soupe au Wynn et choix de rentrer chez Amanda, le crâne chargé par le bruit, les jambes harassées par la distance parcourue ; la seule chose légère, en fait, c'est mon porte-monnaie... Je pense n'avoir jamais croisé autant de monde de ma vie, beaucoup d'Asiatiques d'ailleurs.
Retour à Sahara Boulevard et Baycliff en bus (à 2,50 dollars), sa sympathique maison à la ventilation bruyante n'est vraiment pas simple à trouver, surtout à 10pm et par moins 74°, au bas mot. En gros, je me suis totally lost...
Voyant un quidam voituré s'arrêter au stop, je lui demande de l'help et il m'amène gentiment grâce à son pote GPS. Gelé, épuisé, ruiné, j'écoute la conversation somme toute banale entre Amanda et Andrea (je crois), sa roomate couchsurfeuse nouvellement revenue, c'est un peu moins animé que les casinos. Elle me prête son PC qui, lui, se connecte à Internet. J'envoie enfin mes messages de 15 pages.
En me couchant, je réalise avoir vu un autre aspect de Las Vegas, ici, pas celui du fric et du dollar, celui du quotidien de gens normaux. Une ville à voir pas à vivre. Enfin, bon, je me serais bien enterré dans un Palace, juste pour le plaisir, je suis un touriste, merde !
Décision finale, je reviendrai à Las Vegas, mais pas tout seul (c'est moins marrant) : avec du fric et des vêtements dignes de ce nom. Parce que, comme un grand nombre des bouseux non-francophones que j'ai dû croiser aujourd'hui, j'aime assez me laisser proposer du rêve, quel qu'en soit le prix. Et honnêtement, Eurodisney à côté, c'est une animation de gay-pride...

PS : Message perso : bon voyage de noces aux Maldives, jeunes OMNES !!
PS2 : j'avais prévu des petites vidéos vivantes pour vous montrer l'ambiance, mais cela fait 1h30 que la première de 50 secondes charge et ce n'est pas avec mon PC. Ce sera donc pour une autre fois...