Soutenons le CREPS de Corse... mais ça n'a rien à voir.

14/01
Souviens-toi, c'était hier, je m'endormais paisiblement, tout semblait bien se passer lorsque, soudain, le bus s'arrête et ne redémarre pas. Explications espagnoles; no entiendo, je demande, « problemo mecanico », changement de bus... Et Mierdaa !
Tout le monde sort et se dirige confusément vers le bus ADO voisin bien rempli. Observant trois types de la guardia civile, Kalachnikov en mains, je pense qu'il y a de l'abus sécuritaire. Quelques difficultés pour récupérer mon sac... « Palainequé, Palainequé ! », baragouine-je espagnolement.
Finalement, je le prends seul pour m'assurer du transfert, le type voulait visiblement le prendre en dernier parce que c'est le plus lourd... « 'culé » peste-je inamicalement. Dans le second bus, je me faufile et obtiens 'ultime place assise, les derniers resteront debout ou au sol. Changement à Campeche, 2h plus tard, deux belges caricaturaux en plus, retransfert. Ouf ! J'ai tout. Arrivée à Palenque (prononcez Palainequé), 8 am.
Au terminal, je prends de suite mon billet à 2 pm pour San Cristobal (prononcez pareil) à côté d'une fille en larmes super speed. Elle est Parisienne et nous apprend qu'elle fut réveillée aussi cette nuit avec une Kalachnikov, mais sur sa joue. Tronc d'arbre au milieu de la route, des Zapatistes (ou prétendus comme tels) les ont braqués, embarquant son appareil photo et 300 pesos, elle a réussi à faire tomber son portefeuille mais reste choquée et dans la merde, ayant perdu tous ses souvenirs. Waouh, je fais le même trajet dans l'autre sens dans quelques heures...
Au bureau ADO, ils expliquent que c'est la 4ème attaque en 4 jours, ils sont désolés mais ne peuvent rien faire... Organisation de circonstance, ma petite pochette surprise cachée dans mon dos devrait me sauver. On verra, je n'ai pas le choix de toute façon. Larguant les deux belges stressés, je prends un collectivo pour aller aux ruines.
Après débat avec moi-même sur le fait de conserver ou non mes 27 kg de sacs, je suis les signes du Destin, Céline de Brest comprendra, et laisse le plus gros à l'accueil. Ils oublient de me composter mon billet au milieu d'autres touristes, j'entre sur le site. Waouh 2... Le Dieu Chaak m'en veut de l'avoir mal orthographié, il pleut comme « Vacha que pissa » , comme on ne dit jamais ici.
Finalement, la pluie m'arrange, je vois une nouvelle facette des cités mayas. Le site de Palenque, recouvert d'une végétation luxuriante, est dédié à Pakal et ses successeurs. Ce roi a, en effet, permis à cette cité d'exister entre 600 et 700 pour s'éteindre au Xe. La zone archéologique visible ne représente qu'une infime partie de l'ensemble enfoui dans la jungle.
Beaucoup de touristes malgré le temps. Je ne regrette pas l'abandon de gros mon sac, au milieu d'Allemands en short... et en panchos. Je n'imaginais pas les panchos mexicains, bleus et rouges fluo, faut dire (capes anti-pluie). Merci Chaak de me montrer la voie de la civilisation...
Après le temple des inscriptions, où fut découverte la tombe de Pakal (un sarcophage de 13 tonnes dans une salle secrète contenant notamment des bijoux en jade), le Palais et la place du Temple du Soleil d'où la vue est somptueuse, je passe le Rio Otolum pour me rendre au micro-jeu de pelote.
Souvenirs d'une conversation avec Greg en pensant à ces capitaines victorieux qui se faisaient décapiter pour se garantir une place au soleil : mourir pour une idée en choisissant sa mort, c'est quelque chose, non ? Ce n'est pas de la propagande genre Guy Moquet, mais nous cherchons souvent à donner un sens à notre vie, quand certains donnent un sens à leur mort. C'est quoi le mieux ? Bref, passons.
Suivant mon « piètre » destin actuel (le non compostage de mon billet me permet de repasser l'entrée), je vais chercher mon gros sac pour me rendre dans la partie vierge du site avant le musée, il y a moins d'escaliers mais cela reste crevant. Cela dit, c'est gé-nial, tout est vert, les temples semblent sortir de nulle part, émergeant du brouillard, de la mousse, des lianes et d'arbres énormes. Indiana Jones n'est qu'une lopette. Trempé jusqu'aux os, je prends le magnifique chemin jusqu'au sympathique musée, entre cascades et végétation très dense. Énorme...
Retour en ville, repas et internet vraiment pas chers comparés à Playa. Anecdote de restauration, je commande une soupe, vois arriver deux bols de liquide avec mes chips, j'attaque le premier bol vert à la cuillère à soupe et prends la couleur du deuxième bol... rouge, c'était la sauce pimentée. A l'arrivée de la vraie soupe, je n'ai plus froid.
Organisation pour le trajet jusqu'à San Cristobal, je laisse mes deux sacs dans la soute, planque le plus important sur moi et garde 200 pesos dans mon porte-monnaie, prêt à profiter du Folklore Zapatiste local. Une dizaine de personnes dont plusieurs étudiantes étrangères dans le bus, route magnifique mais impossible de dormir : à chacun des 12432 dos d'âne qui jonchent le trajet, je sursaute, prêt à tendre courageusement mon porte-monnaie. A chacun son sens du sacrifice... Rien ne se passera et c'est pas plus mal ; demain, le trajet sera nocturne, donc potentiellement différent.
Arrivée à San Cristobal, je rends son portable oublié à l'une de mes avenantes voisines étudiantes malgré mon look volontairement hirsute, j'aurais mieux fait de lui demander son numéro, autant on va se recroiser...
Accueil du très sympathique Miguel, CS qui a vécu en Espagne et en Italie, parcouru l'Europe et est en manque de voyages. Nous déposons mes sacs dans la très spacieuse maison familiale et repartons en ville. Il doit aller voir « Australia » avec sa maman et me dépose devant un collectivo. Le bus s'arrête 200m plus loin : entouré de plusieurs policiers, un jeune visiblement mort est étendu sur la chaussée...
Visite de la ville en solitaire pendant 2h. Il fait froid mais j'adore San Cristobal, la plus vieille cité espagnole du Chiapas me rappelle Cuzco (capitale historique des Incas) : calme, authentique, aérée et chargée d'histoire, au vu de ses monuments. Première Margarita « Frida Strawberries ».
Miguel me rejoint à minuit, mais le bar « Revolucion » est trop plein et moi too tired. Il me confirme qu'entre le mort et les braquages, je ne dois pas garder cette image de San Cristobal et du Chiapas (zone majoritairement peuplée par des indiens que le célèbre commandant Marcos a soulevés en 1994, d'où le mouvement Zapatiste). Je suis vraiment d'accord avec lui...
Nouveau lit, nouvelle maison, demain, je visite, reprends des bus pendant une vingtaine d'heures et devrais me retrouver sur une des plages paradisiaques de la côte pacifique. Connexion internet incertaine. Et vous ? Ça va le boulot ?...
PS : Marraine, je suis avec toi ! Soso et Tatane, Bueno voyajo !!
PS2: Ya de moins en moins de commentaires, suis trop long ?